King, L. W.: The letters and inscriptions of Hammurabi, king of Babylon, about B. C. 2200, to which are added a series of letters of other kings of the first dynasty of Babylon. The original babylonian texts, edited from tablets in the British Museum, with english translations, summaries of contents etc., 3 volumes in-8.
(Londres, Luzac 1898-1900)
Compte rendu par Charles Fossey, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 97-98
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L. W. King. The letters and inscriptions of Hammurabi, king of Babylon, about B. C. 2200, to which are added a series of letters of other kings of the first dynasty of Babylon. The original babylonian texts, edited from tablets in the British Museum, with english translations, summaries of contents etc., 3 volumes in-8, Londres, Luzac, 1898-1900.


          Les lettres de Hammourabi et de ses successeurs, écrites dans un style très bref, pleines d’allusions rapides à des faits que le destinataire connaissaait [sic] très bien, mais que nous ne devinons souvent qu’à grand’peine, ne sont pas toujours d’une intelligence très facile. Aussi se défendent-elles mal contre les erreurs de lecture ou les sollicitations de certains préjugés. « Hors du cercle des assyriologues, dit M. King dans sa préface, on aurait fait assez peu attention à ces tablettes n’eût été la découverte sensationnelle annoncée par le P. Scheil. Une des tablettes qu’il examina au Musée impérial ottoman de Constantinople était une lettre écrite par Hammourabi à Sûridinnam, et, suivant son interprétation, contenait la mention de Chedorlaomer. Ce document fut aussitôt regardé comme une remarquable confirmation du caractère historique du quatorzième chapitre de la Genèse... Et, en effet, si le nom de Chedorlaomer se trouve sur la tablette publiée par le P. Scheil, le document peut être considéré comme un témoin très important de l’exactitude historique de Gen., xiv, 1-11. Mais si le nom ne s’y trouve pas, la tablette est sans valeur pour confirmer le récit de l’Ancien Testament, et tout argument échafaudé dessus tombe à terre. » M. King montre ensuite que la ligne doit être lue Xabum bušu Inuhsamar, « les troupes d’Inuhsamar », et non pas ûm ša Kudurnuhgamar « au jour de la défaite de Kudurlagamar, » ce qui est paléographiquement et grammaticalement impossible ; que la ligne 5 porte ša litika « qui sont en ton pouvoir » et non pas idlitika, « comme prix de ta vaillance » et conclut que « la découverte du Père Scheil est sans valeur, d’autant que sa lecture était fautive ». De pareilles déconvenues ne sont pas à craindre avec M. King, qui a philologiquement établi l’exactitude de traductions faites sans arrière-pensée apologétique. L’index qu’il a donné à la fin de son ouvrage permet à chacun de se reporter aux différents textes dont la comparaison lui a permis d’établir pour un certain nombre de mots une acception nouvelle. Son livre est un guide sûr et toujours contrôlable. Ajoutons qu’en oignant [sic] aux lettres de Hammourabi les inscriptions du même roi et la Chronique des rois de la première dynastie, M. King a fait de son recueil un instrument indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire ancienne de l’Orient sémitique.

          Après avoir été longtemps négligés, les textes épistolaires de l’Assyro-Chaldée commencent à attirer l’attention des assyriologues. M. Harpera entrepris de publier l’ensemble des lettres trouvées à Kouioundjik, dans la bibliothèque d’Ašurbanipal, et M. King nous a déjà donné en trois volumes la copie, la transcription, la traduction et le commentaire des cinquante-cinq lettres de Hammourabi à Sûridinnam, de six lettres de Samsuiluna, treize de Abešu, deux de Ammiditana, cinq de Ammijaduja, et deux de personnages moins importants. Ces documents, bien qu’ils ne fassent que rarement allusion aux grands événements de l’histoire, guerres, soulèvements, etc., n’en sont pas moins du plus grand intérêt pour l’historien. Grâce à eux, nous connaissons des rois de la première dynastie babylonienne autre chose que la suite monotone de leurs campagnes contre leurs rivaux de Chaldée ou d’Elam. Nous voyons avec quel soin Hammourabi veillait à l’entretien et à la réparation des canaux qui faisaient la prospérité de la Babylonie, avec quelle fermeté il maintenait la justice, réprimait la corruption, l’usure et les exactions des préteurs. La collection des impôts, l’administration des biens royaux ou sacrés, tiennent naturellement une large place dans les missives du roi ; l’importance des troupeaux nous montre encore un peuple tout voisin de ses origines pastorales et nomades, en même temps que le développement des voies de navigation fait pressentir la future importance de la Babylonie dans le commerce international. Nous savions déjà que les rois de Babylonie avaient été de grands constructeurs ; nous les voyons maintenant réquisitionner le bois et la main d’œuvre nécessaires à leurs travaux.

 

                                                                       C[harles] Fossey