Koukouli-Chrysanthaki, C. - Muller, A - Papadopoulos, S. (dir.): Thasos. Matières premières et technologie de la préhistoire à nos jours (Actes du colloque internat. Thasos-Liménaria, 26 - 29 / 9 / 1995)
(Athènes 1999)
Compte rendu par Michel Feugère, Instrumentum, 2000-11, p. 20
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Sous la direction de C. Koukouli-Chrysanthaki, A. Muller, S. Papadopoulos : Thasos. Matières premières et technologie de la préhistoire à nos jours (Actes du colloque Internat.Thasos-Liménaria, 26 - 29 / 9 / 1995), Athènes 1999, 471 p., nbr. ill.


 

Les Actes de ce colloque présentent une démarche encore originale, même si elle tend à se généraliser ces dernières années ; aborder pour un espace géographique déterminé, ici une île, l’ensemble des activités productives, sur la longue durée. Thasos constitue, à cet égard, un champ de recherche privilégié, puisqu’entre marbres et céramiques, l’île s’est toujours attirée une certaine célébrité artisanale dans l’Antiquité; il semble du reste que la prospérité de l’île ait souvent dépendu directement de cette activité. De la préhistoire à nos jours, la situation est évidemment très différente, ne serait-ce que parce que le relief thasien, au Néolithique, est relié au continent dont il forme un simple cap du rivage septentrional de la Mer Egée. Mais ce sont les sources qui, en variant considérablement d’une période à l’autre, rendent surtout difficile la comparaison entre des périodes très éloignées l’une de l’autre. Il s’avérait pourtant indispensable de tenter la démarche, ne serait-ce que pour mettre en évidence, et analyser dans le détail, ces ruptures et ces continuités.

Pour le marbre, les exploitations modernes, qui se sont superposées aux carrières antiques pour les gisements de la meilleure qualité, le marbre dolomitique, font que les carrières d’Aliki sont, paradoxalement, les mieux connues. Mais l’utilisation d’autres roches, pour la construction ou des usages spécialisés — silex, gneiss, tuf, grès, trachyte et andésite — permet d’écrire pour ce matériau une histoire continue, comme pour les mines et les métaux, depuis l’Age du Bronze. La céramique, de son côté, a fait l’objet de travaux renouvelés depuis deux décennies, et on s’approche aujourd’hui au plus près de la réalité concrète des artisans, du mode opératoire et de la production.

Apport non négligeable du colloque, les matières premières organiques n’ont pas été oubliées ; coquillages pour la préhistoire, os et bois aux périodes classiques, goudron et poix pour les époques récentes ; au-delà des cas individuels, des spécialités qui bornent trop souvent la démarche intellectuelle de l’historien, les organisateurs du colloque de Thasos se sont ainsi donnés les moyens de comprendre, aussi largement que le permettent les sources actuellement disponibles, tout ce que la production artisanale a pu apporter à l’île au cours de son histoire. Le résultat est la somme impressionnante de ces Actes, qui n’hésitent pas à souligner au fil des pages les nombreux secteurs où nos lacunes laissent place aux recherches futures. Sans nul doute, ce livre marque une étape dans une recherche aussi exemplaire que dynamique.