Lucien Rivet : Lampes antiques du Golfe de Fos. Collections du Musée d’Istres et du Service du Patrimoine de Fos-sur-Mer. Production et consommation. Photogr. Y. Rigoir – Dessins S. Saulnier. Musée d’Istres – Edisud – Avignon, 2003, 191 p., nbr. ill

Année faste pour la recherche française sur les lampes, puisque la parution de l’ouvrage de C. Bémont sur Glanum (cf. compte rendu dans ce même numéro, p. 15) est suivie de près par cette belle publication des lampes du Musée d’Istres. L’auteur, L. Rivet, est lui aussi un céramologue expérimenté, et son travail bénéficie de la précision technique que l’on sait désormais indispensable à ce type d’étude spécialisée. Comprendre et présenter de manière logique les 500 lampes et fragments (NMI ; 1476) “ramassés en vrac dans le Golfe de Fos” représentait certes un défi pour l’archéologue plus habitué à des ensemble clos qu’à des objets de musée, dépourvus du moindre contexte stratigraphique. Force est de dire qu’avec ce livre, le défi a été magnifiquement relevé et même dépassé.

En 2001, l’augmentation des collections prises en compte dans le projet faisait en effet apparaître un lot de lampes témoignant de l’existence, jusque-là insoupçonnée, d’un atelier de fabrication du Haut-Empire sur la pointe Saint-Gervais. Cette nouveauté a permis d’envisager l’étude de la collection d’Istres sous un jour nouveau, et de construire autour de cet apport un ouvrage remarquable à tous points de vue. L’atelier de Fos a produit des lampes à volutes (Deneauve IVA) et à bec rond (Den. VA, VIID), ce qui permet d’ores et déjà d’attester la production dans la seconde moitié du Ier s. ; mais, comme le note L. Rivet (p. 22), les contextes des sites de consommation permettront sans aucun doute d’élargir cette première approche ; la piste est prometteuse, puisque une première étude de répartition des produits de l’atelier montre non seulement une forte diffusion en Gaule du Sud, mais aussi des exportations jusqu’à Bordeaux et Vindonissa, notamment.

Au-delà de cet atelier, dont la caractérisation a de toute évidence relancé l’intérêt de l’auteur (et, quelque part, sauvé ce livre), L. Rivet adopte pour le catalogue une position minimaliste ; brèves notices, classées dans l’ordre des types, et priorité à l’illus-tration. Les planches, dues aux talents conjugués de Y. Rigoir et S. Saulnier, consistent en photos couleurs d’excellente qualité, détourées et à l’échelle 1/1, sur lesquelles les décors sont complétés au trait ; leur présentation particulièrement agréable et lisible permet d’économiser les descriptions du texte ; dans le catalogue, les parallèles sont réduits aux mentions les plus utiles pour la compréhension des décors. Aux riches séries du Haut-Empire s’ajoutent quelques types hellénistiques isolés et une poignée de lampes africaines tardives.

Les conditions de formation de la collection d’Istres, mais aussi et peut-être surtout les enseignements désabusés que fait naître ici la publication d’un nouvel atelier, ont dissuadé l’auteur de développer l’étude de la série comme reflet d’une consommation régionale. Il est vrai que cette démarche est plus cohérente dans l’étude des lampes d’un site que celles d’un musée. Mais on mesure aussi l’ampleur des lacunes qui grèvent encore, en France, toute étude des lampes romaines ; tant que les collections locales seront si mal ou peu publiées, des pans entiers de cette recherche resteront méconnus. Il faut donc remercier L. Rivet et ses collaborateurs d’avoir mené à bien, avec précision et modestie, la publication descriptive d’une collection qui s’avère si importante pour le progrès, lent mais constant, de notre connaissance des lampes romaines en Gaule

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