Genceva, E.: Les fibules romaines de Bulgarie, de la fin du Ier s. av. J.-C. à la fin du VIe s. ap. J.-C.
(Faber, Sofia 2004)
Compte rendu par Michel Feugère, Instrumentum, 2004, p. 26
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E. Genceva : Les fibules romaines de Bulgarie, de la fin du Ier s. av. J.-C. à la fin du VIe s. ap. J.-C. [en Bulgare, important résumé en français], Sofia 2004, 199 p., 29 pl., 3 cartes.


Avec ce volume illustré d’environ 300 dessins, Eugenia Genceva nous offre une présentation synthétique des fibules romaines de la Bulgarie, c’est-à-dire une partie des provinces antiques de Mésie inférieure et de la Thrace. Elle a pour cela élaboré une typologie nationale de 41 types, enrichie de nombreuses variantes, qui permet de comparer cette documentation avec celle issue d’autres régions du monde romain. Grâce à une bonne connaissance de la bibliographie spécialisée (malgré quelques lacunes), l’auteur a bien perçu les relations des fibules de Bulgarie avec toutes les régions environnantes.

Dès LT D2, en effet, les types qui circulent ici témoignent de relations étroites avec les mondes celtique et germanique. A côté de ces apports parfois lointains, on utilise également des fibules de fabrication régionale qui fourniront, tout au long de l’Antiquité, une part significative du stock courant ; quelques modèles viennent en outre du Nord de la Mer Noire. Au début de l’Empire, on constate une évidente affinité, d’une part, avec le monde alpin oriental, et d’autre part avec l’ensemble du monde romain, y compris la Gaule, d’où plusieurs types retrouvés en Bulgarie ont pu être importés. Le marché militaire, gros consommateur de fibules, notamment à partir du IIIe s., n’est pas étranger au brassage de ces objets, et c’est par exemple grâce aux fibules, pour certaines d’entre elles typiques de la Mésie, que l’on peut suivre jusque sur le limes syrien la trace des troupes levées en abondance autour de l’embouchure du Danube.

Les IIIe et IVe s., qui connaissent dans certaines provinces une désaffection pour l’usage des fibules, sont au contraire marqués ici par une floraison de types, parfois des créations originales de cette région. L’évolution de divers modèles semble se poursuivre après le IVe s., rompant la monotonie des seuls types cruciformes attestés ailleurs ;quelques types zoomorphes peuvent même être datés des Ve et VIe siècles.

Bénéficiant des recherches entreprises dans plusieurs pays d’Europe centrale depuis quelques décennies sur les fibules romaines, cet ouvrage synthétique apporte sa contribution à la connaissance d’un mobilier dont on peut désormais retracer l’histoire dans de nombreuses provinces de l’Empire romain : on remerciera E. Genceva d’avoir apporté sa pierre à cet édifice collectif.