Hakulin, Lena : Bronzeworking on Late Minoan Crete : a diachronic study
(British Archaeological Reports, Oxford 2004)
Compte rendu par Michel Feugère, Instrumentum, 2005-22, p. 7
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Lena Hakulin : Bronzeworking on Late Minoan Crete : A diachronic study, BAR S-1245,Oxford 2004, 121 p., 45 figs, tables


En Crète, comme d’une manière générale en Méditerranée orientale, l’accès aux métaux et à la technologie du métal a joué un rôle primordial dans l’apparition et le développement des cultures palatiales. Pourtant, la Crète ne dispose pratiquement d’aucun minerai de cuivre, et l’étain manque totalement dans le monde égéen ; toutes les matières premières de la métallurgie du bronze devait donc être importées. Depuis des années, les chercheurs ont multiplié les analyses, mais sans que l’on puisse les mettre en perspective pour tenter de mettre en évidence les évolutions de la métallurgie, notamment dans les sources métalliques. C’est donc le but de cet ouvrage, qui ne repose sur aucune nouvelle donnée, mais rassemble les résultats d’analyses éparses dans des dizaines de publications récentes.

 

L’auteur a donc constitué une base de données de 1 857 analyses, correspondant à des objets plus ou moins bien documentés sur le plan archéologique, dont les résultats occupent une grosse moitié de l’ouvrage (p. 54-121). La période néopalatiale (MM III – LM I) est la mieux représentée, mais le reste des données se répartit à peu près équitablement entre la période de Knossos (LM II – LM IIIA1) et le postpalatial (LM IIIA2 – LMIIIC).

Les objets appartiennent à des catégories variées, dont chacune est discutée du point de vue de ses contraintes propres. Au sein des armes, par exemple, le taux d’étain varie en fonction du type, et apparaît par exemple plus important dans les épées que dans les pointes de lances. Un bon tiers des figurines, par ailleurs, présentent des taux significatifs de plomb (le plus souvent 25 %, mais le cas échéant jusqu’à 45 %). Toutes ces données concourent à montrer que les bronziers minoens, non seulement connaissaient les propriétés des différents métaux, mais aussi maîtrisaient les conséquences de proportions variables d’étain et de plomb dans les objets fabriqués.

 

Pour autant que l’on puisse en juger, les sources d’approvisionnement des bronziers crétois ont varié au cours du temps ; les mines du Laurion constituent la principale source des bronziers de l’époque néopalatiale, avec une source non localisée et quelques apports de Chypre. À partir de l’époque mycénienne, c’est Chypre qui devient la source principale, mais on a aussi découvert des traces de cuivre importé de Sardaigne. La métallurgie du cuivre et de ses alliages était donc, durant toutes ces périodes, non seulement un enjeu de pouvoir local, mais aussi un puissant stimulant des échanges maritimes d’un bout à l’autre de la Méditerranée.