Alfred Maury, Louis-Ferdinand: Les Académies d’autrefois, I. L’ancienne Académie des sciences, vol. in-8°
(Paris, Didier 1864)
Compte rendu par A. B., Revue Archéologique 9, 1864-5, 2e série, p. 308-309
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Les Académies d’autrefois. - I. L’ancienne Académie des sciences ; 2° l’Ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres, par Alfred Maury. 2 vol. ln-8°, chez Didier. Paris, 1864 (1).


 


 Rien n’est plus intéressant que de jeter un regard en arrière et de mesurer d’un coup d’œil tout l’espace que la science a parcouru depuis le XVIIe siècle : Sciences exactes, physique, chimie, mécanique, sciences natu­relles tout s’est développé dans des proportions dont nous ne pouvons bien nous rendre compte que par la réflexion, car on s’habitue vite aux merveilles dont on est entouré. Les sciences historiques, l’archéologie, la linguistique, la paléontologie n’ont pas fait de moins étonnants progrès. Quel est dans ce merveilleux mouvement de l’esprit humain le rôle des deux Académies plus particulièrement adonnées à l’étude des sciences, l’Aca­démie des sciences et l’Académie des inscriptions et belles-lettres ? Par quelle voie, par quels efforts patients et gradués est-on arrivé à la pleine lumière, sur tant de questions obscures autrefois, résolues aujourd’hui ? Quelle part de reconnaissance devons-nous à chacun de ces laborieux tra­vailleurs dont le nom même, pour un grand nombre, est aujourd’hui presque tombé dans l’oubli ? Tel est le programme que s’est posé et qu’a rempli avec la science profonde et variée qui le distingue, M. Alfred Maury. Nous avons l’habitude de ne rattacher qu’à deux ou trois noms illustres les découvertes du passé. M. Maury nous montre que bien d’autres y ont travaillé avec zèle, avec passion, et au prix souvent de bien des sacrifices. Les grands hommes viennent à leur heure, mais de modestes pionniers avaient déjà préparé le terrain où, plus heureux, ils sèment et recueillent. Rien dans la science, pas plus que dans la nature, ne se fait brusquement. Et, le plus souvent, quels préjugés à combattre ! quelles rivalités à vaincre ! quels obstacles à surmonter pour faire triompher la vérité ? Combien on apprend, en lisant l’histoire de ces deux Académies, à être indulgent, et je dirai même bienveillant aux nouveautés hardies ! Com­bien on apprend à priser les observations de détail isolées d’abord, et ce semble sans importance, mais qui deviennent bientôt le point de départ des plus utiles recherches ! Les esprits qui semblent n’attacher de prix qu’aux petites choses quand ils ont véritablement le don de l’observation et le goût de l’exactitude sont les précurseurs les plus immédiats des grandes décou­vertes. Nous apprenons à les estimer ce qu’ils valent dans l’ouvrage de M. Maury. Nous y voyons aussi combien sont dénuées de fondement les attaques sans cesse dirigées contre les Académies par des esprits malveil­lants et jaloux. La meilleure réponse à leur faire est celle que leur fait M. Maury en faisant voir que l’histoire des Académies est véritablement l’histoire de la science.

Nous comptons rendre compte bientôt, d’une manière particulière et plus complète, de l’histoire de l’Académie des inscriptions qui intéresse spécialement nos lecteurs.

A. B.

 

(1) Ces deux volumes se vendent séparément.