Marbach, André : Recherches sur les instruments aratoires et le travail du sol en Gaule Belgique
(British Archaeological Reports, Oxford 2004)
Compte rendu par Michel Feugère, Instrumentum, 2005, p. 9
Site officiel de la revue Instrumentum
 
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André Marbach : Recherches sur les instruments aratoires et le travail du sol en Gaule Belgique, BAR S-1235 et S-1236,Oxford 2004, 2 vol., 153 + 159 p., nbr. ill


“Étonnamment négligé”, comme n’hésite pas à l’écrire F. Sigaut dans sa préface, l’outillage en fer nous permet d’approcher directement les gestes et les pratiques des hommes du passé. L’étude des instruments aratoires en métal de Gaule Belgique s’inscrit dans la perspective de ces travaux nécessaires, souvent ingrats, mais particulièrement significatifs. En l’occurrence, l’enjeu concerne les pratiques culturales et l’évolution des techniques dans une grande partie de la Gaule romaine.

 

Avant de recourir à des pièces métalliques, les araires ont utilisé divers matériaux, comme la pierre, le bois ou encore le bois de cerf, qui ne sont pas concernés par cette enquête. L’évolution de l’araire, surtout de la partie qui s’enfonce dans le sol (le sep), conditionne l’efficacité du travail agricole, et, dans une mesure significative, sa rentabilité en terme de rendement et donc de volume de production alimentaire. Cependant, avant l’apparition du soc à versoir, qui permet de définir la charrue (Ve-VIe s. de notre ère en Europe centrale), les différents types de socs d’araires semblent dépendre davantage d’une adaptation à la consistance du sol que d’une véritable amélioration du soc lui-même.

 

L’enquête d’A. Marbach, effectuée sur les objets eux-mêmes chaque fois que cela a été possible, l’a amené à adopter un type de dessin coté enregistrant, notamment, les angles d’usure et les asymétries éventuelles des socs. Sans adopter nécessairement son point de vue très critique des “dessins archéologiques” (qui repose sur des exemples anciens et, comme souvent dans ce cas, erronés), on sera sensible à sa définition de l’illustration, vue comme “un mode de pensée” plus qu’une simple représentation. Les dessins, placés sur des planches séparées et “à l’italienne”, auraient cependant gagné à être regroupés sur des illustrations verticales, pour

faciliter la consultation et les comparaisons.

 

Le soin apporté à la réflexion méthodologique, l’usage prudent des parallèles ethnographiques, la critique des datations, font de l’ouvrage dans son ensemble une très utile réflexion sur les pratiques aratoires en Gaule Belgique. Bien au-delà des 99 pièces archéologiques étudiées avec précision, c’est tout l’apport de ces objets à

l’économie agricole qui est ici en jeu. Rôle des bœufs, types des attelages, rendement, nombre d’araires nécessaires par exploitation ; aucun aspect n’a été négligé, même si certains de ces thèmes dépassent largement le thème traité. L’auteur a su prendre en compte l’ensemble des problèmes techniques posés par les objets eux-mêmes (typologie, composition du métal, technologie, usure …) pour les replacer dans le contexte plus général des techniques agricoles antiques. On ne peut qu’espérer qu’il serve de modèle aux chercheurs qui voudront appliquer la même méthode aux instruments aratoires d’autres provinces.