Savio, Gigliola: Le lucerne fenicie e puniche del Museo Archeologico di Ibiza e Formentera
(Agora Publishing (Athenaion) 2006)
Compte rendu par Laurent Chrzanovski, Instrumentum, 2007-26, p. 35
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Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
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Gigliola Savio : Le lucerne fenicie e puniche del Museo Archeologico di Ibiza e Formentera Agora Publishing (Athenaion), Lugano 2006, 01 p, ill.


 


Ce compte rendu porte également sur l’ouvrage :


 


Varda Sussmann : Oil-Lamps in the Holy Land: Saucer Lamps. From the beginning to the Hellenistic period Collections of the Israel Antiquities Authority (BAR International Series 1598), Oxford 2007, 493 pp. ill


 

Une surprise de taille, aussi agréable qu’inattendue, dans le panorama des monographies lychnologiques récentes. Deux volumes coup sur coup, dédiés aux lampes coupelles et couvrant toute leur période d’évolution, des prototypes phéniciens à leurs lointains descendants d’époque hellénistique et carthaginoise. Par ailleurs, comme si leur parution avait été chronométriquement agendée, ils sont dédiés à deux territoires parfaitement complémentaires et indispensables à une appréhension au sens le plus large du terme de ce type de lampe aussi important pour l’histoire de la lychnologie que très peu fréquent dans les recherches monographiques. En effet, il s’agit de leur territoire de naissance, le Proche-Orient, ici représenté par les collections des fouilles d’Etat israéliennes, et l’une de leurs zones d’exportation puis de production locale les plus riches, l’Occident méditerranéen, représenté là par un corpus baléare.

 

Le volume de Varda Sussmann est destiné à devenir une pièce maîtresse dans la catégorie des monographies les plus consultées. En effet, il rassemble l’expérience d’une vie entière consacrée à l’étude des small finds et en particulier des lampes d’Israël. L’auteur nous livre une somme impressionnante et impeccablement triée d’informations sur l’ensemble des lampes coupelles issues presque intégralement de fouilles stratigraphiques et possédant des contextes et des datations particulièrement aiguisés. Ce long catalogage a permis de rédiger un exemple pour son genre de manuscrit utiles à tous les acteurs de la recherche ; il est appelé à être une typologie de base aussi bien morphologique que chronologique pour tout lychnologue s’occupant du Levant, où il se devrait d’accompagner la bibliothèque de tout grand chantier de fouilles. Il lève le voile sur l’apparition, la contemporanéité et la disparition des principaux types et sous-types de ces lampes, tout en soulignant des retours parfois étonnants vers la forme-archétype de la simple coupelle unique à un bec pincé; enfin, vu de l’extérieur du territoire qu’il considère, le volume permet au chercheur intéressé à la thématique des échanges et du commerce Levant-Méditerranée d’observer, à travers le prisme du creuset même où sont apparus ces photophores, quels types vont être exportés, puis imités dans les emporia phéniciens puis puniques et quels autres n’auront un impact que local ou tout au plus régional.

 

Et c’est à travers un tout autre prisme, celui des lampes d’Ibiza et de Formentera étudiées par Gigliola Savio, que nous pouvons appréhender ces mêmes coupelles. Depuis la publication de la petite brochure de J.H. Fernández et E. Manera (Lucernas romanas del Museo arqueológico de Ibiza, Ibiza 1979 (Trabajos del Museo arqueológico de Ibiza, 1)), nous avions un aperçu de la richesse du répertoire lychnologique des Baléares, carrefour vital pour le commerce maritime phénicien, puis avant-poste stratégique de l’Empire carthaginois. Mais aucune étude n’avait succédé à cette introduction générale, vide aujourd’hui comblé par le volume que nous recensons. Bien documenté, il retrace les formes et les sous-types de lampes coupelle de ces deux îles, proposant à chaque fois que faire se peut une datation large pour mieux situer leur horizon chronologique. Sur cet aspect en effet, le travail de l’auteur s’est révélé difficile ; la plupart des pièces proviennent d’anciens fonds et peu nombreuses sont celles issues d’un contexte archéologique stratigraphiquement fouillé et bien documenté. Néanmoins, malgré l’absence de ces informations de base, le corpus s’est révélé suffisamment riche pour permettre à l’étude de produire un résultat statistiquement fiable, dans les grandes lignes, pour ce qui touche aux importations, du Levant d’abord, de Tunisie ensuite, et aux productions réalisées progressivement sur place par les artisans locaux. Une recherche plus que bienvenue, que l’on peut accoster avec profit à celle de J. Bussière (Les lampes phénicopuniques d’Algérie, in Antiquités Africaines 25 (1989), pp. 41-68) et à l’ancien volume – mais toujours intéressant – de Gerald Heres, Die punischen und griechischen Tonlampen der staatlichen Museen zu Berlin (Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin. Schriften der Sektion für Altertumswissenschaft, 54), Berlin 1969.