Hainzmann, M. - Wedenig, R. : Instrumenta Latina Inscripta II. Akten des 2. internationalen Kolloquiums Klagenfurt 2005

( 2008)
Compte rendu par Michel Feugère, Instrumentum, 2009-29, p. 44
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Hainzmann, M. - Wedenig, R. Instrumenta Latina Inscripta II. Akten des 2. internationalen Kolloquiums Klagenfurt 2005


Quinze ans après l’exposition de Pécs, en Hongrie (M. Hainzmann, Z. Visy Hrsg., Instrumenta inscripta Latina. Das römische Leben im Spiegel der Kleininschriften. Pécs 1991), à la suite de laquelle avait été créée la série Testimonia Epigraphica Norica (TENOR), M. Hainzmann s’est associé cette fois à R. Wedenig pour organiser un deuxième colloque sur l’Instrumentum latinum inscriptum, dont ce beau volume constitue les actes. Les 25 contributions représentent bien la variété de cette catégorie, dans laquelle on retrouve des séries estampillées par leur fabricant, des objets votifs ou encore des inscriptions d’ordre commercial. Les supports sont tout aussi variés puisqu’ils vont des contenants de transport à la vaisselle de table, en passant par la plupart des catégories de petits objets, vaste domaine dont les lecteurs d’Instrumentum connaissent bien la variété.

 

   Difficile, dans ces conditions, d’organiser l’ouvrage en thèmes cohérents ; les éditeurs ont placé les auteurs par ordre alphabétique, une solution qui dans ce cas précis en vaut une autre. Au fil des contributions, c’est donc la variété qui domine ; variété des supports et des inscriptions, bien sûr, mais aussi des usages. Les estampilles fonctionnent-elles de la même manière sur la sigillée, sur les dolia, les amphores et les tuiles, pour se limiter aux seules productions de terre cuite ... ? Rien n’est moins sûr. Les messages manuscrits sur plomb, argent ou or, qu’il s’agisse de dédicaces divines ou d’invocations magiques, ont également leur cohérence au sein d’ensembles locaux, même si des formules proches, voire identiques, peuvent se retrouver dans des lieux fort distantes. C’est cette respiration entre des pratiques reconnues, semble-t-il, dans des provinces parfois éloignées les unes des autres, et les particularismes souvent identifiés dans des séries locales, qui fait tout l’intérêt de l’instrumentum inscriptum.

 

   La spécialité bénéficie d’efforts soutenus des spécialistes depuis bien longtemps, et les inventaires des pionniers de la fin du XIXe s. conservent, en général, tout leur intérêt aujourd’hui. La nouveauté vient, en fait, bien plus souvent, des avancées de la méthode d’étude, que d’un accroissement (toujours réel, bien sûr), de la documentation. L’informatique apporte aujourd’hui les outils qui ont manqué à nos prédécesseurs, dont les fiches et notes manuscrites nous servent pourtant toujours aujourd’hui ; elles témoignent à la fois de la qualité de ces premières enquêtes épigraphiques, mais aussi de l’érudition et souvent des remarquables intuitions de leurs auteurs.

 

   Selon les catégories, les inventaires atteignent un niveau de stabilité qui permet de mieux circonscrire les problématiques. Certaines séries de fibules inscrites, les “cachets d’oculiste”, les plateaux de balance de Banna (J. Krier en propose une autre interprétation), sont aujourd’hui bien répertoriés ; les quelques suppléments qu’apportent en permanence les nouvelles découvertes ne risquent guère de modifier les répartitions connues actuellement. Il reste, certes, beaucoup à faire dans certains domaines, où les inventaires des musées, dépôts et collections publiques sont incomplets ; estampilles de verriers, et même de tuiliers dans certaines régions, réservent encore de belles surprises. Mais il faut désormais réfléchir à des bases de données collectives, alimentées par des réseaux de chercheurs et non plus seulement quelques érudits. Ce n’est que de cette manière que la recherche pourra franchir un nouveau seuil, où la documentation partagée ne constituera plus le “trésor” d’un chercheur, mais où la mise à la disposition collective de corpus enrichis en permanence permettra aux débats de se déplacer de la simple description des données à leur interprétation. L’informatique et l’internet, de nos jours, offrent des solutions qui doivent amener les chercheurs à redéfinir leurs pratiques, grâce à la documentation en ligne. C’est le défi qui, sur les bases solides apportées par les chercheurs d’aujourd’hui – et ces Actes en sont un bel exemple –, s’offre à la génération de demain.