Marquard, Paul: De Aristoxeni Tarentini Elementis harmonicis. Dissertatio philologica quam defendet Paulus Marquard, Berolinensis. In-8° de 40 pages.
(Bonn 1863)
Compte rendu par C. E. R., Revue Archéologique 10, 1864-5, 2e série, p. 79-80
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De Aristoxeni Tarentini Elementis harmonicis. Dissertatio philologica quam defendet Paulus Marquard, Berolinensis. Bonnæ, 1863. In-8° de 40 pages.


La question traitée dans ce travail, coup d’essai fort heureux d’un jeune docteur en philologie, intéresse à la fois le bibiographe et le musicologue. Il s’agit de savoir, d’abord, si le traité des Eléments harmoniques offre des garanties d’authenticité ; ensuite, si cet ouvrage, le plus ancien que l’an­tiquité grecque nous ait légué sur cette matière, nous est parvenu sous la forme que lui aurait donnée son auteur. Voici, en résumé, la manière dont M. Marquard envisage cette double question, et les conclusions aux­quelles il arrive.

Aristoxène a écrit des Eléments harmoniques. Non-seulement l’ouvrage ne s’est pas conservé dans son entier, mais encore l’ordre des trois livres que nous avons, et, dans chaque livre, l’ordre des sujets traités, a été in­terverti. M. Marquard, pour démontrer cette thèse, est entré dans une foule de détails qui font honneur à son érudition et à son sens critique. Il s’attache ensuite à prouver, et, selon nous, il prouve que les deux premiers livres, si grandes qu’en soient les analogies, ne peuvent être sortis l’un de l’autre, ni même d’une source commune ; et c’est ainsi qu’il nous amène avec lui à cette conclusion, que le premier livre de nos Eléments harmoniques émane d’un autre ou de plusieurs autres ouvrages d’Aris­toxène, notamment de son Traité de la musique, cité par Suidas (V. Aris­toxenus), et les deux derniers, de ses Eléments harmoniques. Il suppose qu’à une époque assez indéterminée, mais antérieure à Manuel Bryenne, c’est-à-dire avant le XIVe siècle, un compilateur aura extrait des ouvrages précités et de quelques autres, un certain nombre de passages relatifs à la théorie de l’harmonique pour en composer le corpus que nous possédons aujourd’hui.

Celle hypothèse n’a rien d’invraisemblable, et nous n’aurions qu’à nous tenir pour complétement satisfait si une petite critique de détail ne venait forcément se mêler à nos éloges. L’auteur s’imagine que la question est restée entière jusqu’à lui, et il croit être amplement juste après qu’il a nommé Meybom et Mahne, qui cependant n’avaient fait que la poser. Or, les lecteurs de la Revue archéologique, ceux du moins qui suivent avec intérêt les études de musique ancienne, n’ont pas oublié que la notice sur Aristoxène et son école, insérée au quatorzième volume de la pre­mière série, contient une note développée, la note 24 (pages 528 et 529), où sont relevées quelques observations nouvelles sur la·contexture des Eléments harmoniques. Ajoutons, pour tout dire, que M. Marquard aurait pu tirer parti, comme on l’a fait dans cette même note, d’un passage assez long du Traité d’harmonique de George Pachymère, texte publié pour la première fois par M. Vincent, de l’Institut, dans les Notices et Extraits des manuscrits, etc., t. XVI, 2e partie (page 463). Nous espérons que M. Mar­quard, après s’être mis un peu plus au courant des publications faites en France sur la musique des anciens grecs, ne négligera pas de comprendre la lexicologie des textes auparavant inédits que renferme le volume pré­cité, dans l’Index in omnes musicæ scriptores, dont il déclare s’occuper activement. C. E. R.