Reclus, Onésime: Atlas pittoresque de la France. Recueil des vues géographiques et pittoresque de tous les départements, accompagnées de notices géographiques et de légendes explicatives. Grand-in 8°.
(Paris, Attinger frères )
Compte rendu par Georges Perrot, Revue Archéologique t. 16 (4e série), 1910-2, p. 184-186
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Onésime Reclus. Atlas pittoresque de la France. Recueil des vues géographiques et pittoresque de tous les départements, accompagnées de notices géographiques et de légendes explicatives. Paris, Attinger frères, grand-in 8° (1).


Depuis que se sont multipliées les applications de la photographie, on sait quelles ressources elles ont fournies aux historiens de l’art. C’est ainsi qu’ils ont tiré des cartes postales illustrées un parti tout à fait inattendu. Ces cartes avaient pu d’abord sembler n’avoir d’autre objet que d’amuser la curiosité des passants et d’aider la paresse à se dispenser, pas [sic] quelques mots griffonnés à la hâte, de la fatigue d’écrire une lettre ; mais, pour varier leur répertoire, les fabricants qui se livraient à cette industrie ont été amenés à faire figurer sur leurs cartons non seulement des édifices renommés des grandes villes, mais bien des monuments perdus dans les campagnes qui n’avaient jamais encore eu l’honneur de poser devant l’objectif. Il fallait que chaque village offrît au voyageur de rencontre une image qui lui fût un souvenir de sa promenade en bicyclette on [sic] en automobile ; on a photographié son église, qui s’est souvent trouvée être un spécimen intéressant du style roman, du style gothique ou du style de la Renaissance ; on à souvent photographié les statues ou les bas-reliefs, jusqu’alors ignorés, qui en décoraient les portes ou quelque chapelle. Ces photographies, les archéologues les ont recueillies et j’en sais plus d’un qui s’est ainsi composé des collections précieuses de documents authentiques ; mais ce n’est pas tout de rassembler ces cartes, ce qui suppose bien des déplacements, car on ne les rencontre souvent à acheter que dans le bourg qui les offre à ses visiteurs de passage. Il est nécessaire ensuite, si l’on veut en faire usage pour ses études, de se munir de tout un matériel, albums, boîtes ou tiroirs, où elles seront classées par provinces, départements et arrondissements. Il y a là tout un travail d’abord de recherche et de récolte, puis ensuite de classement méthodique et de conservation qui peut rebuter plus d’un amateur. C’est une dépense d’argent, et surtout une dépense de temps et de place.

Ce travail, les éditeurs de l’Atlas pittoresque nous l’épargnent. Leur atlas, quand il aura achevé de paraître, sera l’album idéal, la collection toute classée. Il formera trois volumes in 4° de près de 700 pages chacun, volumes qui, à eux trois, renferment 12.000 illustrations. Celles-ci ont, pour la plupart, les dimensions d’une carte postale. Parfois, quand il s’agit d’un ensemble, elles la dépassent en longueur ou en hauteur. Il y a là de tout, des paysages, des images qui donnent l’aspect général des villes ou qui font valoir le pittoresque de telle ou telle de leurs places ou de leurs rues. Il y a enfin, en très grand nombre, des vues de monuments, très bien choisies et exécutées d’après d’excellents clichés. Ces vues s’encadrent dans des notices, accompagnées de cartes, qui fournissent, sur chaque localité, les renseignements statistiques nécessaires, sur chaque édifice reproduit, quelques brèves indications d’histoire et de date. J’ai sous les yeux le septième fascicule, celui qui renferme les départements des Bouches-du-Rhône et du Calvados. J’y prends l’arrondissement d’Aix. Voici, sans commentaires, la liste des vues dont l’archéologue peut faire son profit :

1. Aix, le cloître de l’église Saint-Sauveur. 5. Aix, l’église Saint-Jean. 3. Aix, le portail de l’église Saint-Sauveur. 4. Le château de Vauvenargues. 5. Eguilles, L’ancienne [sic] forteresse de la voie Aurélienne. 6. Tour à signaux, dite dans le pays la tour d’Egosi. 7. La porte d’entrée du château de Vauvenargues. 8. Tour ancienne à Aix, dite tour Tourrelucq. Le Pont Flavien, à Saint-Chamas. 10. La Roque d’Anthéron : l’abbaye de Silvacane. 11. Peyrolles, chapelle du Saint-Sacrement. 12. Lançon. Tour de défense. 13. Entrée du château de Salon, [sic]. 14 Pélissanne, colonne romaine. 15. Le château de la Barbenne (canton de Salon). 16. Restes de l’aqueduc romain de Saint-Antonin (canton de Trets).

Si nous continuions à feuilleter l’atlas, les illustrations des pages consacrées à l’arrondissement d’Arles donneraient lieu à un relevé du même genre, plus riche encore et plus varié. Les ruines romaines y alternent avec des monuments de l’art médiéval tels que l’abbaye de Montmajour et la façade de Saint-Trophime. M. Onésime Reclus, qui a parcouru la France en tout sens, n’a rien laissé échapper de ce qui peut offrir quelque intérêt. Il a figuré (p. 301) ce petit temple de Vernègues, dans le canton d’Eyguières, dont les élégantes colonnes corinthiennes sont un des jolis morceaux d’architecture romaine que nous a conservés le midi de la Gaule. Bien des architectes, j’ai eu l’occasion de le constater, en ignorent jusqu’à l’existence.

 

G[eorges] P[errot]

 

(1) La première livraison de cet ouvrage a déjà été annoncée, Revue, 1910, I, p. 312.