Maspero, Jean: Papyrus grecs d’époque byzantine (Catalogue général des Antiquités Égyptiennes du Musée du Caire, nos 67001-67089). Tome 1er, fasc. I. In-4°, iv-­124 p., avec 23 planches en phototypie.
(Le Caire, Impr. de l’Institut Français d’Archéologie orientale 1910)
Compte rendu par Louis Jalabert, Revue Archéologique t. 16 (4e série), 1910-2, p. 187-188
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Jean Maspero. Papyrus grecs d’époque byzantine (Catalogue général des Antiquités Égyptiennes du Musée du Caire, nos 67001-67089). Tome 1er, fasc. I. Le Caire, lmpr. de l’Institut Français d’Archéologie orientale, 1910. In-4°, iv-­124 p., avec 23 planches en phototypie.


     Depuis l’apparition du Catalogue des papyrus grecs du Musée du Caire (1903), rédigé par MM. Grenfell et Hunt, le fonds byzantin du musée s’est enrichi de quelques papyrus trouvés par M. Quibell à Saqqarah (1905) et surtout d’un lot important provenant des fouilles de M. Lefebvre à Kôm-Ichgaou (1905-1907). Entreprenant une publication intégrale des papyrus byzantins du Caire, M. J. Maspero a eu parfaitement raison de commencer par ces séries inédites et de remettre à plus tard l’édition in extenso des documents inventoriés dans le catalogue de 1903 (les plus intéressants, du reste, figurent déjà dans les Oxyrhynchus Papyri, I). Ainsi compris, le nouveau catalogue comprendra trois parties : I. Les trouvailles de Kôm-lchgaou (’Αφροδίτης κώμη) ; II. La trouvaille de Saqqarah ; III. L’ancien fonds du Musée.

     Le premier fascicule (nos 67001-67089) est loin d’épuiser la série d’Aphrodité (environ 300 pièces). Pour ne pas disperser les pièces de dossiers très instructifs, pleins de renseignements sur l’histoire de la province, M. M. a renoncé à tenir compte, dans cette section, de la provenance individuelle de chaque papyrus. On ne saurait que l’en féliciter : dans les ensembles qu’il a ainsi constitués, les documents s’éclairent mutuellement, et, grâce à cet heureux groupement, les historiens trouveront amenés à pied d’œuvre de nombreux faits et détails qui, disséminés, perdraient une bonne partie de leur signification.  

     Les papyrus d’Aphrodité seront distribués sous cinq rubriques : A) Pièces relatives à l’administration d’’Αφροδίτης κώμη et du duché de Thébaïde ; —  B) Finances ; —  C) Documents d’ordre privé concernant Aphrodité ou le nome Antéopolite ; —  D) Documents analogues se rapportant à des localités voisines ; —  E) Fragments littéraires.

     Le présent fascicule —  le catalogue complet comprendra au moins deux volumes, de deux fascicules chacun —  contient les deux premières divisions et entame la troisième. Des 89 documents que nous avons sous les yeux, les plus intéressants font partie du premier groupe : requêtes adressées au duc de Thébaïde, Fl. Marianos, par le village d’Aphrodité, des moines, des sénateurs d’Omboi, des particuliers, etc. ; rescrits impériaux ; pièces relatives au privilège d’autopraxie, revendiqué à Constantinople par Aphrodité. Plus arides, les documents de la seconde série (quittances d’impôts et d’annone militaire, ordres de paiements, listes de traitements de fonctionnaires, rôles financiers, comptes des bureaux d’Antéopolis et d’Aphrodité, listes de contributions acquittées) sont cependant d’une grande importance pour l’étude de l’administration des cités byzantines. Avec le troisième groupe, nous pénétrons dans l’intimité des familles dont nous relisons la correspondance et étudions les affaires privées ; on sait la saveur de ces indiscrétions, aussi piquantes qu’instructives.

     De sa tâche d’éditeur, M. M. s’est acquitté avec une conscience et une pénétration au-dessus de tout éloge et cela ne surprendra aucun de ceux qui ont suivi ses précédents travaux. La lecture irréprochable de ces pièces difficiles, le soin apporté à l’établissement du texte, la prudence des restitutions, les notes sobres mais nourries attireront à l’auteur plus et mieux que des sympathies. Mais on jugerait d’une manière insuffisante le labeur, déjà très méritoire, de ce catalogue, si l’on perdait de vue les études approfondies qui en ont été la préparation et ont permis à l’auteur de prendre si fermement position sur tant de questions obscures ou embrouillées. En effet, si ce catalogue se présente à nous dans son élégante sobriété, il ne faut pas oublier au prix de quelles recherches le jeune savant, qui, presque du premier coup, prend rang auprès des maîtres des études byzantines, a conquis une date, une identification, une restitution, une interprétation, l’appréciation motivée de l’authenticité d’une pièce (1).

                                                            L[ouis] Jalabert

 

(1) Cf. Études sur les Papyrus d’Aphrodité, in Bull. de l’Inst. fr. d’Archéol. orient., VI (1908), VII (1909).