Bréhier, Louis: Les origines de l’art musulman (extrait de la Revue des Idées, 15 mars 1910, p.189-199).
( 1910)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 15 (4e série), 1910-1, p. 317
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Louis Bréhier. Les origines de l’art musulman (extrait de la Revue des Idées, 15 mars 1910, p. 189-199).


Excellent mémoire, qui joint à ses qualités celle d’être bref. Voici les passages essentiels ; « Nul ne songe plus à regarder l’art des Arabes comme une création spontanée. Le seul élément qu’ils apportèrent fut le programme même des travaux qu’ils firent exécuter. La disposition classique de la mosquée naquit de l’adaptation des anciennes traditions architecturales aux nouvelles exigences du culte ; le développement si remarquable des arts décoratifs a pour cause l’amour du luxe dont les califes se plaisaient à s’entourer. Mais si les Arabes ont commandé, ce sont les Syriens, les Grecs, les Coptes, les Persans qui ont exécuté. L’art arabe n’est donc qu’une nouvelle transformation de cet art oriental dont on a signalé la renaissance aux dépens des influences helléniques à la fin de l’antiquité (cf. l’étude. de M. Bréhier sur le palais de Mschatta, dans la Revue des Idées de juillet 1908). On pourrait même aller plus loin encore et montrer que l’art arabe n’est en réalité que l’art oriental, dégagé presque entièrement de tout apport hellénique et ramené à son principe... L’art arabe doit être considéré comme l’épanouissement suprême de l’art des antiques civilisations de l’Orient. Les principes de cet art étaient opposés entièrement à ceux de l’art grec... La restauration de la Perse au IIIe siècle ne fut que le premier épisode de la réaction contre l’hellénisme dont le mouvement islamique devait être le dernier terme... Les musulmans créèrent l’art décoratif comme les Grecs avaient créé l’art humain. Longtemps les archéologues, imbus des seules traditions classiques, ont ignoré cette œuvre et l’ont traitée avec mépris. Nous avons peut-être aujourd’hui l’esprit plus compréhensif et, après avoir fait notre prière sur l’Acropole, nous nous sentons capables de goûter le charme des mosquées aux dômes d’azur. Ce n’est pas chez nous, comme on le dit quelquefois, un simple goût d’exotisme, mais nous sommes obligés de reconnaître qu’entre l’art grec et l’art oriental il n’existe pas de commune mesure. L’un satisfait notre raison ; l’autre nous enlève au monde réel pour nous conduire aux jardins enchantés des Mille et une Nuits. Ce n’est donc pas sans raison qu’on a comparé le décor arabe à une symphonie... Les arts musulmans et la musique moderne constituent peut-être l’effort le plus considérable que l’homme ait jamais fait pour s’échapper du monde réel et représenter en termes concrets l’idée de l’infini ». Je me retiens pour ne pas en transcrire davantage ; mais ce que j’ai transcrit donnera, j’espère, le goût de lire e [sic] reste.

        S[alomon] R[einach]