Armstrong, Sir Walter: Histoire générale de l’art. Grande-Bretagne et Irlande. In-12°, 327 p. avec 598 similigravures et 4 pl. hors texte en couleurs.
(Paris, Hachette 1910)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 15 (4e série), 1910-1, p. 318
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Sir Walter Armstrong. Histoire générale de l’art. Grande-Bretagne et Irlande. Paris, Hachette, 1910. In-12°, 327 p. avec 598 similigravures et 4 pl. hors texte en couleurs.


     Premier volume d’une série qui porte le titre général d’Ars una et qui doit se composer de manuels concernant l’histoire des arts dans tous les pays. Chaque volume paraîtra simultanément en cinq langues : français, allemand, anglais, italien et espagnol. L’histoire de l’art en Grande-Bretagne a été écrite très consciencieusement par sir Walter Armstrong et traduite par M. le commandant Espérandieu. L’illustration est d’une richesse extrême et, en général, fort bien choisie ; elle suffit à assurer le succès du livre, dont l’exécution matérielle est, à tous égards, digne d’éloges. Quant aux rares lecteurs que le texte intéresse autant que les images, je crains qu’ils ne soient un peu déçus. Sir Walter connaît très bien les choses dont il parle, mais il en parle d’une façon incolore. Sans doute, il n’est pas indispensable de semer des épigrammes et des traits d’esprits dans une histoire de l’art ; on voudrait cependant que l’exposé d’une longue évolution fût relevé par quelques idées ingénieuses, par quelques observations piquantes sur les artistes et leurs œuvres. Sir Walter n’est pas de l’école de Gibbon ni de Macaulay ; il écrit uniquement ad narrandum.

     Un défaut plus grave, parce qu’il exaspère le lecteur, est le recours très fréquent à l’énumération : « Citons encore ... » (suit une kyrielle de noms avec des dates). Aucun ouvrage d’enseignement ne devrait se permettre ce procédé trop facile, qui est la négation de toute « littérature ». Malgré ce souci de multiplier les mentions honorables, j’ai cherché en vain, à l’index, le nom du paysagiste Leader. Dans mon ouvrage Apollo, j’avais parlé de cet artiste avec l’admiration que m’avait inspirée son exposition de 1889. La traduction anglaise a supprimé cette phrase, par la raison, m’a-t-on dit, que mon opinion sur le talent de Leader était trop personnelle. Et voilà que Sir W. Armstrong, qui cite une foule d’inconnus, n’a pas trouvé six lettres pour Leader. Afin d’établir que je ne suis pas le seul à penser beaucoup de bien de ce peintre, contre lequel on dirait qu’il existe une cabale, je transcris quelques lignes de l’excellent livre de M. L. Bénédite, Rapport général des Beaux-Arts à l’Exposition de 1900 (Paris, 1904, p. 505) : « On doit rappeler à part le nom de M. Leader, dont un incomparable paysage, exposé en 1889 (Sur le soir il y aura de la lumière), rayonne encore sur nos souvenirs, et dont la Route inondée, défoncée, sous le ciel strié des dernières nuées de l’orage, nous offrait, en 1900, une vision si intense qu’on est sûr, elle aussi, de ne pas l’oublier ».

S[alomon] R[einach]