Kobbert, M. - Link, G.: De verborum religio atque religiosus usu apud Romanos. In-8, 63 p. — De vocis sanctus usu pagano. In-8, 91 p., ibidem.
(Regiomonti, Hartung 1910)
Compte rendu par S. R., Revue Archéologique t. 15 (4e série), 1910-1, p. 454-455
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M. Kobbert. De verborum religio atque religiosus usu apud Romanos. In-8, 63 p. Regiomonti, Hartung, 1910. — G. Link. De vocis sanctus usu pagano. In-8, 91 p., ibidem.


        Ces deux dissertations sont nées de l’enseignement de MM. Wünsch et Deubner, dont l’activité nous consolerait, si l’on pouvait se consoler d’une telle perte, de la disparition si prématurée d’Albert Dieterich.

        M. Kobbert a étudié l’emploi et la signification des mots religio et religiosus chez les Romains, les lieux et les jours dits religiosi. Il remarque avec raison que religio est l’équivalent d’impedimentum sacrum, c’est-à-dire du tabou poly­nésien (p. 45, 49, 54) ; mais je crois qu’il a tort de revenir à l’opinion de Lac­tance (Inst. div. IV, 28) qui rapproche religio de religare, au lieu de s’en tenir à celle de Cicéron (De nat. deor., II, 72), qui dérive religio de religere. Assurément, religio peut être à religare comme opinio à opinari et rebellio à rebellare ; mais le fait seul que Cicéron, disposant de textes beaucoup plus anciens et plus nombreux que les nôtres, a préféré l’étymologie relegere à celle de religare, qui est la plus naturelle, doit nous incliner à lui donner raison (1). Cela n’empêche pas que le verbe religare ait pu exercer de bonne heure une influence sur les diverses acceptions du mot religio, entendu dans le sens primitif de « scrupule », par opposition à ce que signifierait *negligio, de negligere ; le participe diligens appartient à la même famille de mots. Voici la conclusion de l’auteur : [«] Intellegitur sub voce religio illud tabu, quibusdam locis, die­bus, actionibus impositum, quo homo ipse religatur atque impeditur. Postea illa religio loci, quae proprie ad solum hominem pertinebat, artius cum ipso loco coaluit. »

        M. Link a cherché à préciser les sens du mot sanctus antérieurement au christianisme. Il pense que cette désignation s’est d’abord attachée aux lieux inviolables, réputés les demeures des démons, pour finir par qualifier élogieusement les hommes de bien et les morts, parce qu’ils sont réputés dis similes. Les textes lui ont été fournis par les schedae du Thesaurus latin à Munich, par le Corp. Inscr. lat. et par le Bulletin Epigraphique publié ici même. A côté de sanctus, il a étudié sancire, sanctio, etc. Ce mémoire est riche de faits et bien composé ; mais il serait d’un usage plus commode s’il se terminait par un index sommaire des diverses acceptions des mots avec renvois aux pages où elles sont appuyées par des exemples.

                                                                       S[alomon] R[einach]

 

(1) On peut objecter aussi que religatus n’est jamais employé dans le sens de religione adstrictus.