Münsterberg, Oskar: Chinesische Kunstgeschichte. Tome Ier. Gr. In-8, xv-350 p., avec 15 pl. et 321 gravures dans le texte.
(Esslingen, Neff 1910)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 15 (4e série), 1910-1, p. 455
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Oskar Münsterberg. Chinesische Kunstgeschichte. Tome Ier. Gr. In-8, xv­-350 p., avec 15 pl. et 321 gravures dans le texte. Esslingen, Neff, 1910. Prix: 20 Mark.


        Auteur d’une histoire richement illustrée de l’art japonais, M. Münsterberg offre aujourd’hui au public le premier volume d’une histoire, non moins copieusement documentée, de l’art chinois. Ce premier volume est consacré à l’époque prébouddhique, en particulier à la peinture, et à la statuaire. Depuis plusieurs années, l’auteur est entré dans la voie ouverte, je crois, par M. Hirth et que j’ai peut-être contribué à préciser et à élargir dans mes études sur la Représentation du galop dans l’art (dont M. Münsterberg accepte toutes les conclusions) ; l’art de la Chine n’est pas isolé ; il n’a pas seulement subi les influences de l’art antique à son déclin ; il témoigne de celle de l’art préhellénique, antérieur à l’an 1000 avant notre ère, et offre, dans ses monuments les plus anciens, des analogies très curieuses, indirectes mais non fortuites avec l’art mycénien. En somme, nous assistons, après quelques années, à la conquête rétrospective de la Chine elle-même par ce coin privilégié du monde que fut le bassin oriental de la Méditerranée !

        Longtemps, trop longtemps les objets d’art chinois ont été collectionnés à titre de curiosités ; aujourd’hui, l’évolution de l’art en Chine commence à se dessiner et M. Münsterberg aura beaucoup fait pour la rendre sensible. Il nous faut savoir gré à l’auteur de n’avoir jamais perdu de vue cet objectif supérieur, qui est l’histoire des styles, de nous avoir fait grâce de noms rébarbatifs et de statistiques ennuyeuses pour concentrer son attention et la nôtre sur les transformations d’un art très original, où le naturalisme, l’impressionnisme et d’autres tendances de l’art contemporain de l’Europe alternent avec la stylisation et le schématisme que nous connaissons aussi en Occident. L’influence de la poésie de l’époque des Tsoung (960-1280) a été mise en lumière, comme un facteur déterminant du grand art de la Chine, en particulier du paysage (p. 222). Le second volume sera consacré à l’architecture et aux arts industriels ; on nous le promet pour 1911. L’illustration du volume que j’ai sous les yeux n’est pas seulement abondante : elle est d’une perfection qui laisse derrière elle la plupart des essais antérieurs dans la même voie (1).

                                                               S[alomon] R[einach

 

(1) Chaque chapitre se termine par un court résumé en caractère [sic] espacés, qui est un vrai bienfait pour les lecteurs pressés. Voilà un excellent exemple.