Kahrstedt, Ulrich: Forschungen zur Geschichte des ausgehenden fünften und des vierten Jahrhunderts. In-8, 283 p.
(Berlin, Weidmann 1910)
Compte rendu par Adolphe Joseph Reinach, Revue Archéologique t. 17 (4e série), 1911-1, p. 360-362
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Ulrich Kahrstedt. Forschungen zur Geschichte des ausgehenden fünften und des vierten Jahrhunderts. Berlin, Weidmann, 1910. In-8, 283 p.


        Elève de M. Ed. Meyer, à qui il a dédié les travaux d’Université réunis dans ce volume, M. Kahrstedt s’inspire des mêmes méthodes que le savant historien de Berlin. Étude directe des textes, rigueur chronologique, rapide mise en lumière des rails essentiels, telles sont les qualités qui distinguent ces quatre études; mais est-ce d’après les conseils de M. Meyer qu’il ne donne ni esprits ni accents aux textes ?

       I. La politique de Démosthène. — Avant d’en retracer les variations, M. Kahrstedt a voulu donner à son exposé une précision nouvelle en revisant toute la chronologie de la période 355-342. Parmi les résultats nouveaux auxquels ses recherches l’amènent, signalons les suivants. Pour dater la reconquête de l’Égypte par Ochos, l’auteur est amené à établir comme suit la chronologie de la XXIXe dynastie : Néphéritès 399/8 — 394/3, Akhoris 393/2-381/0, Psammouthès 380/79, Nektanébo I 379/8-364/3, Tachos 363/2[-]362/1, Nektanébo II 361/00[-]344/3. C’est en 343/2 que les Perses prirent leur revanche de l’expédition malheureuse de 350. C’est dans l’année qui suivit l’expédition d’Égypte, 342/1, que les armes du Grand Roi se tournèrent contre Hermias d’Atarnée ; c’est de 348/7 à 344/3 qu’Aristote aurait résidé auprès de lui et son départ d’Assos pour Méthylène n’aurait donc rien à faire avec la chute d’Hermias ; quand il apprit cette chute, il était à Delphes, avec Kallisthène, occupé à rédiger la liste des vainqueurs aux Pythia ; il venait d’arriver de là en Macédoine, en 342, quand, en apprenant la mise à mort de Hermias, il fit élever à Delphes un monument en l’honneur du tyran. Le Discours sur l’Halonnèse a bien été prononcé par un partisan de Démosthène, au printemps de 342. La 2e lettre d’Isocrate à Philippe se place dans l’hiver 344/5. — Les idées développées par M. Kahrstedt sont en général celles que M. Ed. Meyer a indiquées dans son mémoire Isokrates zweiter Brief an Philipp und Demosthenes zweite Philippik (Sitzber, de Berlin, 1909) et il a surtout tiré parti des données nouvelles fournies par le papyrus de Didymos ; mais il ne semble avoir connu ni le mémoire que lui a consacré M. Foucart ni l’important article de G. Glotz, Philippe et la surprise d’Elatée(Bull. de corr. hell., 1909).

       II. Il ne tient pas davantage compte des travaux de L. Pareti (Memorie de l’Acad. de Turin, LIX, 1909) dans le mémoire où il recherche la date de l’entrée en charge des navarques spartiates : pour aboutir à la fixer à l’équinoxe d’automne, il dresse une liste de tous les navarques de 480/79 à 373/2 et, dans les développements auxquels cette étude chronologique l’amène, il insiste particulièrement sur la fin de la guerre du Péloponnèse et le règne de Denys l’Ancien.

        III. Les symmories athéniennes. — Après une vive critique des systèmes de Boeckh et de Beloch — il n’a tenu aucun compte des travaux de Guiraud, de Cavaignac et de Francotte, — M. Kahrstedt cherche à montrer que la notice de Pollux sur laquelle on s’est appuyé est sans valeur pour le IVe siècle et que, en tout cas, il n’y a pas trace d’impôt progressif sur le revenu.

        IV. Le coup d’état oligarchique de 411. — Étude où sont reprises et développées les idées exposées par M. Ed. Meyer (Forschungen, II, 425) contre un travail récent de Judeich (Rhein. Mus., 1907). Plus on connaît les institutions de l’époque, mieux on croit voir que le parti aristocratique n’a commis que le minimum d’actes arbitraires inévitable en toute révolution ; il s’est attaché à la lettre du droit public et, comme l’état de ce droit était bien mieux connu du contemporain Thucydide que d’Aristote, c’est le récit du premier qu’il faut suivre de préférence. C’est à peu près la conclusion à laquelle est parvenu de son côté M. A. Siegmund dans son récent mémoire : Thukydides und Aristoteles über die Oligarchie von 411 (progr. de Böhm Leipa, 1909).

        Réserves faites sur le dédain témoigné à la plupart des travaux antérieurs, il n’y a guère lieu que de louer la façon dont sont conduites ces recherches, qu’on en accepte ou non les conclusions.

A[dolphe] J[oseph]-Reinach