Michel, Th. - Peeters, P.: Évangiles apocryphes. Tome I. In-12, xi-255 p.
(Paris, Picard 1911)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 17 (4e série), 1911-1, p. 366-367
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Th. Michel et P. Peeters. Évangiles apocryphes. Tome I. Paris, Picard, 1911, In-12, xi-255 p.


Ce volume de l’excellent recueil Textes et documents pour l’étude historique du christianisme publié sous la direction des abbés Hemmer et Lejay, contient, à la suite d’une introduction sobre et bien informée, les documents suivants : 1° Protévangile de Jacques (grec et trad. fr.) ; 2° Evangile du Pseudo-Matthieu (latin et trad. fr.) ; 3° Evangile de Thomas (grec et trad. fr.) ; 4° Histoire de Joseph le charpentier (trad. fr. des rédactions copte et arabe). Ces dernières traductions sont dues au R. P. Peeters, bollandiste ; les autres sont l’œuvre de M. Charles Michel. On sait quelle est l’importance des textes apocryphes pour l’iconographie du moyen âge ; les notes discrètes de M. Michel l’ont fait ressortir, d’après les admirables études de M. E. Mâle sur l’art religieux en France. Ainsi, c’est dans le Pseudo-Matthieu, dont la valeur littéraire est nulle, que se trouve la mention du bœuf et de l’âne adorant Jésus enfant ; cette légende « est demeurée vivante à travers les siècles, parce qu’elle avait touché le cœur du peuple » (p. 104). Mais celle raison de sentiment n’est pas la seule. Il y avait là, pour les fidèles, l’accomplissement de deux prophéties (Isaïe, l, 3 ; Habacuc, III, 2), et une de ces interventions des animaux dans l’histoire religieuse qui marquent la survivance d’une des plus anciennes croyances de l’humanité. La compilation où elle paraît a beau être récente ; comme tous nos écrits apocryphes, elle contient des éléments d’une très haute antiquité, échos du folklore des premières générations chrétiennes. Dans les Evangiles canoniques, le folklore, a été presque éliminé ; mais il a pris et gardé une place importante dans les anciens apocryphes aujourd’hui perdus, dont les apocryphes que nous possédons, aussi ineptes qu’inoffensifs pour le dogme, ne sont que de bien tardifs remaniements.

S[alomon] R[einach]