Paul Gout, architecte en chef des Monuments Historiques. Le Mont Saint-Michel. Histoire de l’Abbaye et de la Ville. Étude archéologique et architecturale des Monuments, Paris, Colin, 1910. 2 vol. in-4, 771, p., avec 245 gravures et 25 planches hors texte.

Un architecte chargé de l’entretien d’un monument qui en étudie l’histoire jusque dans ses moindres détails, qui en reconstitue la préhistoire ignorée, qui en collige et en classe pieusement toutes les annales, tant graphiques que littéraires, voilà déjà qui n’est pas banal ; mais que cet architecte ait assez de persévérance pour mettre par écrit tout ce qu’il sait, assez de talent pour donner à son exposé un vêtement littéraire et assez de chance pour trouver un éditeur qui ne marchande ni le papier de choix, ni l’illustration, voilà qui est tout à fait rare et doit appeler l’attention des amateurs de l’art national sur le bel ouvrage que nous annonçons. Cette vaste monographie sur le Mont Saint-Michel est vraiment digne du chef-d’œuvre d’architecture, dressé au milieu d’un des paysages les plus grandioses du monde, qui reçoit aujourd’hui 80.000 visiteurs par an, après avoir, pendant des siècles, attiré des milliers de pèlerins, dévots de l’archange intercesseur. Je ne résumerai pas le contenu de cet ouvrage ; il suffit de dire qu’on y trouvera, avec pièces à l’appui, tout ce qui concerne le Mont Saint-Michel, sa topographie, sa géographie, son histoire, les dangers qu’il a courus, ceux qui le menacent encore, enfin les projets conçus pour assurer un emploi utile (École française des arts du moyen âge) à ces bâtiments qui, même sans maîtres, sont toute une école. « L’architecte archéologue, écrit M. Gout, ne doit pas ménager sa peine : il faut qu’il réunisse en lui l’expérience du praticien, le goût de l’artiste et la passion de l’érudit ». Il y a tout cela dans l’auteur de ce livre, qui mérite d’en être félicité.

                                                               S[alomon] R[einach]

Site conçu par Lorenz Baumer et François Queyrel et réalisé par Lorenz Baumer, 2006/7