Coulon, R.: Essai de reconstitution des dodécaèdres creux, ajourés et perlés. In-8, 56 p., avec planches.
(Rouen, Cagniard 1910)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 17 (4e série), 1911-1, p. 463-464
Site officiel de la Revue archéologique
 
Nombre de mots : 293 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=362
 
 

R. Coulon. Essai de reconstitution des dodécaèdres creux, ajourés et perlés. Rouen, Cagniard, 1910. In-8, 56 p., avec planches.


M. de Saint-Venant a considéré les dodécaèdres de bronze comme « les boules d’une sorte de bilboquet » ; Jacobi voulait y voir des chandeliers ; M. R. Coulon y reconnaît des « pièces de maîtrise » fabriquées à l’âge du bronze, non à l’époque gallo-romaine. Sur ce dernier point, je crois qu’il a tort ; mais voici qui est intéressant (p. 20) ; « J’ai découvert deux corps de métier où l’exécution du dodécaèdre était encore regardée, jusqu’au milieu du siècle qui vient de finir, comme une preuve d’habileté professionnelle. Le tourneur vraiment adroit parvient à exécuter, sur le tour en l’air, le dodécaèdre creux à faces ajourées. On voit encore aujourd’hui chez les ivoiriers de Dieppe quelques-uns de ces chefs-d’œuvre. Le second corps de métier tenant en honneur le dodécaèdre, c’est la corporation des plombiers zingueurs. » En effet, j’ai remarqué des dodécaèdres d’ivoire, tant européens que japonais, dans plusieurs Musées, sans qu’on pût m’en indiquer la destination pratique. Je ne suivrai pas M. Coulon dans ce qu’il appelle lui-même son hypothèse hypothétique : le dodécaèdre aurait servi de « signe mystique » aux Gaulois (1). Il me suffit de noter son observation a que le tracé géométrique du dodécaèdre est encore un sujet de difficultés pour les artisans modernes et qu’un dodécaèdre bien fait est toujours une belle pièce d’apprentissage » (p. 44).

S[alomon] R[einach]

 

(1) Pourtant, je crois moi-même que ces objets avaient un sens religieux. Comme les anciens ont constaté l’analogie de pythagorisme et du druidisme, il est permis, sous réserves, de conclure de l’un à l’autre (cf. S. R., Cultes, t. II, p. 65). Or, Pythagore faisait du dodécaèdre l’image de la sphère universelle et cette idée lui fut empruntée par Platon. Voir les textes cités dans le Thesaurus d’Estienne-Didot, s. v. Δωδεκάεδρος ; ils mériteraient d’être transcrits, traduits et commentés.