G. Chauvet. Os, ivoires et bois de renne ouvrés de la Charente. Hypothèses palethnographiques. Angoulême, Constantin, 1911. In-8, 191 p., avec 122 gravures.

Voici un bon travail qui ne doit pas passer inaperçu. En réalité, et malgré la modestie du titre, c’est une véritable encyclopédie, avec bibliographie très abondante, de tout ce que nous savons sur le travail préhistorique de l’os et de la corne, sur l’industrie, l’art et la religion des primitifs qui ont habité les cavernes de la France à l’âge du renne. Il faudra toujours recourir à cet exposé minutieux pour l’étude des questions de technologie, auxquelles l’auteur, depuis de longues années, a donné son attention. M. Chauvet est prudent ; il met en garde les préhistoriens contre des opinions trop facilement admises ; il insiste sur les incertitudes nombreuses subsistent encore et que de nouvelles fouilles, de nouvelles comparaisons d’ordre ethnographique permettront seules peut-être de dissiper. Je signale en passant les réserves très justes qu’il a fait valoir (p. 89) touchant la désignation de propulseurs donnée à certains objets énigmatiques en bois de renne. « Si quelques crochets de nos cavernes ont pu servir à lancer des traits, il ne paraît pas en avoir été de même pour plusieurs autres ; leur forme et leur petitesse font penser à des outils, à des intruments [sic] plutôt qu’à des propulseurs. Dans l’interprétation des débris laissés par les Magdaléniens, nous sommes trop préoccupés par la pensée que ces hommes étaient des chasseurs et des pêcheurs et nous voyons partout des harpons, des sagaies, des armes. Ils avaient aussi des outils, et pour les baguettes à cran latéral signalées dans nos stations de l’âge du renne, il serait bon d’examiner s’il ne s’en trouve pas ayant servi à des travaux industriels : vannerie, tissages grossiers, etc. » C’est la raison même qui s’exprime ainsi.

S[alomon] R[einach]

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