Bégule, L.: Les Vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise. In-4, viii-251 p., avec 32 planches hors texte et 275 illustrations (tiré à 300 exemplaires seulement).
(Lyon, A. Rey 1911)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 17 (4e série), 1911-1, p. 471-472
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L. Bégule. Les Vitraux du Moyen âge et de la Renaissance dans la région lyonnaise. Lyon, A. Rey, 1911. In-4, viii-251 p., avec 32 planches hors texte.


 


      Œuvre d’un savant artiste auquel l’art et l’archéologie du Lyonnais ont déjà des obligations si nombreuses — et, il faut le dire, si imparfaitement reconnues — ce volume peut être considéré comme le premier d’un recueil depuis longtemps réclamé par la science, celui des vitraux anciens, gloire de l’art français. M. Bégule n’a pas seulement réuni et reproduit les vitraux du diocèse de Lyon, augmenté du Beaujolais, mais les plus importantes peintures qui subsistent en Savoie et en Dauphiné. Il suffirait que les sociétés savantes de province fussent encouragées par des subventions régulières à suivre un si bel exemple ; en vingt ans, nous posséderions un Corpus des vitraux et l’un des trésors de notre patrimoine national serait sauvé à jamais.

      Pourquoi, demandera-t-on, n’avoir pas appliqué les découvertes récentes pour obtenir et publier des images en couleurs ? M. Bégule, compatriote de M. Lumière, était mieux placé que personne pour une pareille expérience. « Des essais, dit-il, ont été tentés par nous, au moyen des plaques autochromes. Mais ces plaques, admirables et parfaites pour la projection, ne peuvent transporter leurs couleurs sur le papier qu’au moyen de la trichromie. Dans cette traduction d’une traduction, la splendeur des originaux s’évanouit. » Il faut donc attendre et se résigner d’avance à refaire un jour le travail, plutôt que de le faire d’une manière défectueuse dix ans trop tôt.

      Il en est de même pour les miniatures : les plaques sont merveilleuses, les reproductions par la trichromie médiocres. Les plaques elles-mêmes sont elles durables ? J’ai consulté un spécialiste qui en doute. Mais le jour où l’on pourrait être certain que l’exposition à l’air ne fera pas disparaître ou n’atténuera pas les couleurs, ce sera un devoir pour l’État de construire quelque part (1) un grand bâtiment en fer et en verre, dont tous les verres, transformés en verrières, deviendraient les archives de la peinture française, fresques, vitraux et manuscrits. Dès à présent, la reproduction intégrale, par ce procédé, et l’exposition de quelques manuscrits célèbres, éviteraient le danger des communications trop fréquentes au public.

      Le recueil de M. Bégule n’est pas seulement un album ; chaque vitrail, chaque inscription a été l’objet d’un savant commentaire ; les édifices qu’ils décorent ne sont pas négligés et quelques-uns sont admirablement reproduits.

En somme, travail excellent et qu’on renonce, pour être bref, à louer comme il le mériterait.

S[alomon] R[einach

 

(1) Par exemple dans le parc de Maisons-Laffite ; ce serait très peu coûteux.