Grüneisen, Wladimir de: Sainte-Marie Antique. In-4° de 563 pages avec 79 planches hors texte et un album épigraphique in-f°.
(Rome, Bretschneider 1911)
Compte rendu par Charles Diehl, Revue Archéologique t. 18 (4e série), 1911-2, p. 201-202
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Wladimir de Grüneisen. Sainte-Marie Antique. In-4° de 563 pages avec 79 planches hors texte et un album épigraphique in-f°. Rome, Bretschneider, 1911.


      Tous ceux qui ont visité Rome en ces dernières années connaissent l’église de Sainte-Marie Antique, découverte en 1900 au Forum lors de la démolition de Sainte-Marie Libératrice, et les curieuses peintures qui décorent cet édifice. C’est un des monuments les plus précieux qui nous restent de l’art byzantin en Italie. De cette remarquable décoration, M. de Grüneisen nous fait pour la première fois connaître tous les détails dans un beau livre, écrit en français, qu’accompagnent de nombreuses et magnifiques planches. Mais l’auteur n’a point voulu se borner à écrire une simple monographie. A l’histoire du monument, à la description détaillée de ses peintures, il a joint un chapitre intéressant sur le costume, des études sur les procédés de la pein­ture (dues au professeur Giorgis), des recherches (dues au professeur Federici), sur les nombreuses inscriptions de la basilique, qu’accompagne un bel album épigraphique, une étude liturgique et hagiographique du sanctuaire (due à l’abbé J. David), et surtout un chapitre considérable, qui est vraiment le centre du livre, sur le caractère et le style des peintures.

      Sur les couches de stuc superposées qui couvrent les murailles de Sainte-Marie Antique il est aisé, en effet, de reconnaître l’œuvre successive de plusieurs générations ; les peintures les plus récentes semblent du IXe siècle, d’autres datent de l’époque des papes Paul I, ou Zacharie (milieu du VIIIe siècle) ; une portion importante de la décoration remonte au temps de Jean VIII (commencement du VIIIe s.) ; certains morceaux sont plus anciens encore, peut-être de la fin du VIe siècle. M. de Grüneisen s’est efforcé de classer et de dater, par la comparaison d’autres monuments, ces diverses séries de fresques. Dans la riche collection de documents qu’il a rassemblés à cet effet, il faut particulièrement signaler les fragments si intéressants, aujourd’hui dispersés, qui proviennent de la décoration de l’oratoire construit à Saint-Pierre par le pape Jean VII.

      On pourra discuter certaines des dates proposées par M. de Grüneisen ; on ne saurait assez le remercier d’avoir, par sa publication, fait connaître dans son ensemble ce précieux monument. Aussi bien était-il grand temps de le faire. Depuis dix ans qu’elles ont été découvertes, les fresques de Sainte-Marie Antique ont étrangement souffert ; mal consolidées parfois, insuffisamment protégées toujours, les unes ont disparu, toutes ont perdu leur primitif éclat ; des jalousies assez mesquines, en empêchant longtemps la reproduction de ces peintures, ont laissé perdre sans retour des morceaux importants. De cette décoration, passablement compromise et peut-être vouée à une ruine prochaine, l’ouvrage de M. de Grüneisen nous gardera la mémoire fidèle ; ce n’est pas un des moindres services que nous rendra son beau livre.

                    Ch[arles] Diehl