Bertaux, E.: L’exposition rétrospective de Saragosse, 1908. Texte historique et critique. Gr. in-8, 358 p. et 115 pl. [Texte en espagnol et en français].
(Saragosse, Typographie La Editorial et Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts 1910)
Compte rendu par Jean-Joseph Marquet de Vasselot, Revue Archéologique t. 18 (4e série), 1911-2, p. 205-206
Site officiel de la Revue archéologique
 
Nombre de mots : 624 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=384
 
 

E. Bertaux. L’exposition rétrospective de Saragosse, 1908. Texte historique et critique. Saragosse, Typographie La Editorial et Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1910. Gr. in-8, 358 p. et 115 pl. [Texte en espagnol et en français].


       Pour conserver le souvenir de l’intéressante exposition qui eut lieu à Saragosse en 1908, ses organisateurs ont pris soin de publier ce volume.

       Il faut d’autant plus en savoir gré à M. Mariano de Pano et à M. le chanoine de Paula Moreno, que l’Espagne ne nous a guère habitués à des entreprises de ce genre.        L’ouvrage se présente sous une forme excellente, avec de bonnes planches (dont 8 en couleurs), et un texte substantiel dû à M. Bertaux, qui était spécialement préparé pour ce travail. Nombreuses sont les notices qui mériteraient d’être signalées ; nous mentionnerons seulement quelques-unes de celles dont les snjets [sic] nous sont plus familiers.

       La châsse de Huesca (pl. 107) appartient, comme M. Bertaux l’a bien indiqué, au groupe des émaux « à fond vermiculé ». Cet ensemble, jadis étudié ici même, s’est augmenté depuis d’une douzaine de pièces, ce qui nous engagerait à reprendre ce travail. La châsse de Huesca offre d’étroites analogies avec plusieurs de celles que l’on connaissait. L’Adoration des Mages de son toit rappelle celle du Musée de l’Ermitage, et est très voisine de celle du Musée de Copenhague ; quant à la disposition du Crucifiement et des Apôtres, on la retrouve identique sur la châsse du Musée de Darmstadt, et presque pareille sur celle de l’ancienne collection de Lord Zouche, maintenant chez M. Hœntschel à Paris.

       Dès avant la publication du grand ouvrage de Rupin (1890), on avait perdu la trace de la curieuse plaque limousine représentant un abbé de Grandmont, que M. B. a citée avec raison (p. 330) ; elle a été acquise, il y a plusieurs années, par le Musée des Arts décoratifs de Prague.

       Le tripyque de Linarès (p. 339 et pl. 111) fournirait matière à une série d’observations assez intéressantes, mais qui allongeraient outre mesure ce compte-rendu. M. Bertaux a eu raison de ne pas l’attribuer à Nardon Pénicaud, comme un observateur superficiel n’aurait pas manqué de le faire. Mais nous n’oserions pas le donner à Jean I Pénicaud lui-même, dont les œuvres certaines sont supérieures à celle-ci. Toutefois l’émail de Linarès se rattache sûrement au groupe de Jean I, car sa plaque centrale reproduit presque exactement celle d’un triptyque du maitre, maintenant dans une collection améri­caine. Pour l’inscription MARC, il paraît assuré qu’elle représente le nom du bourreau Marcus, l’un des figurants habituels des Mystères du XVe siècle. Ce personnage y est nommé Marcus, Malcus ou Marque, et n’est autre que le Malchus à qui saint Pierre coupe l’oreille, lors de l’arrestation de Jésus (voir Bull. des Antiquaires de France, séance du 8 février 1911).

On peut compléter en partie l’histoire des émaux cités par M. Bertaux (il en est encore d’autres), où ce nom de Marcus reparaît. Celui de la coll. Addington a passé ensuite chez Spitzer (Catalogue, t. II, n° 1) ; celui de la collection Morland appartient aujourd’hui à Mme Chabrière-Arlès, après avoir également fait partie de la collection Spitzer (ibid., n° 6).

       Quant aux émaux reproduits aux planches 112, 113, 114, nous devons avouer que l’hypothèse de M. B. ne nous satisfait guère. Ce sont des pièces de série, très banales, fabriquées à Limoges pour la vente à bon marché ; nous n’en connaissons que trop d’autres exemplaires, dans les collections et les musées. Il n’y a pas lieu de les attribuer à des ateliers espagnols, bien qu’ils fassent peu d’honneur à ceux de notre pays.

                             J[ean-Joseph] M[arquet de] V[asselot]