Collignon, M.: Les statues funéraires dans l’art grec. In-4, vii-401 p., avec 1 pl. et 241 gravures.
(Paris, Leroux 1911)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 18 (4e série), 1911-2, p. 207-208
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M. Collignon. Les statues funéraires dans l’art grec, Paris, Leroux, 1911. In-4, vii-401 p., avec 1 pl. et 241 gravures.


Je dois presque me contenter de signaler cet important volume qui traite pour la première fois, dans son ensemble, une question importante, et la traite avec le savoir, l’élégance de bon aloi et la conscience dont l’auteur, depuis son Mythe de Psyché, nous a donné bien des preuves. « Si la stèle sculptée a été la forme de commémoration la plus habituelle, elle n’est pas restée la seule. Comme l’art du moyen âge et l’art moderne, la Grèce a connu les statues funéraires... Même isolée et détachée du tombeau où elle trouvait sa place, la stèle trahit immédiatement sa destination. Il n’en est pas de même de la statue tombale, qui reproduit souvent un type généralisé et dont l’identification ne s’impose avec une entière certitude que si l’on possède des renseignements précis sur la provenance ». Voilà marqués, avec une netteté parfaite, et l’objet de l’ouvrage, et les difficultés inhérentes au sujet choisi. Inutile de dire que M. Collignon ne s’est pas contenté de dresser un catalogue ; son livre constitue une véritable étude des rites funéraires en Grèce, au point de vue spécial, mais non exclusif, de la sculpture en ronde bosse. Voici la distribution des matières ; I. L’origine des statues funéraires ; l’architecture des tombeaux archaïques à décoration statuaire ; les types, la figure humaine, le cavalier, les figures symboliques (sirène, sphinx, lion). II. Du Ve au Ie siè­cle ; forme des tombeaux ; types du Ve siècle ; statues funéraires du IVe siècle ; figures accessoires (esclaves, gardiens, pleureuses, sphinx, sirènes) ; animaux ; grands tombeaux d’Asie Mineure. III. Époque hellénistique et gréco-romaine, héroïsation des morts ; statues et bustes funéraires ; défunts héroïsés, hermès ; allégories (Thanatos, Hypnos, Eros endormi) ; figures couchées (gisants et dormants). L’ouvrage se termine par une Conclusion dont chaque ligne serait à citer : « En Grèce, la statue funéraire ne répond pas, comme en Égypte, à une nécessité impérieuse, au besoin d’assurer l’existence d’outre-tombe, du défunt. Elle constitue le luxe de la sépulture... Au VIe siècle, les morts ont la même apparence que les dieux. Au Ve et au IVe siècle, les statues des défunts se rapportent à la vie réelle... Ces images sont à la fois irréelles et vivantes... Le sphinx ravisseur d’âmes est devenu le gardien des tombeaux ; la sirène, à laquelle s’attachait jadis le souvenir des terreurs de l’Hadès, est transformée en une plaintive Muse de la mort, qui compatit aux douleurs des hommes... Nous n’avons pas rencontré une seule fois l’image de la mort traduite dans la lugubre réalité... Ce que l’art antique a représenté, aussi bien dans les statues tombales que dans les stèles, c’est la vie, rien que la vie... A vrai dire, la mort est toujours présente ; mais comme si elle respectait la beauté de la forme humaine, elle ne touche ces effigies de marbre que d’un doigt léger. » Quand bien même il y aurait, dans ce volume, dix références omises, je préfère ces quelques lignes à mille références (1). 

                    S[alomon] R[einach]

(1) P. v, il y a bien longtemps que l’Académie de Vienne s’est désintéressée du recueil des stèles attiques. — P. 109, depuis le mois d’août 1910, le petit fronton est au musée de Zurich. — P. 103, pourquoi ne pas dire que la stèle de Démetria et Pamphile est médiocre ? — L’illustration est presque irréprochable et l’impression aussi correcte que belle.