Leone Caetani. Studi di Storia orientale, vol. I. Milan, Hoepli, 1911. In-8, xv-419 p., avec cartes.

         Ce volume contient trois mémoires relatifs à la préhistoire de l’Islam et à la première extension de l’islamisme. 1. Orient et Occident ; l’lslam et le christianisme. Grandeur du phénomène islamique ; genèse de l’Islam ; influence de la civilisation arabo-persane sur les peuples de l’Europe et leur science ; l’œuvre de Mahomet jugée par les écrivains orientaux. II. L’Arabie préhistorique et l’assèchement de la terre ; coup d’œil synthétique sur les grandes migrations des peuples sémitiques en rapport avec l’Arabie préislamique ; l’Arabie antique et son histoire. III. L’Arabie et les Arabes aux temps historiques ; psychologie des grandes victoires musulmanes. Topographie et climat de l’Arabie ; ses habitants et leurs mœurs ; leurs armes et leur tactique militaire. Prétendue ferveur religieuse des Arabes ; raisons de leurs victoires, etc.

L’auteur attribue une importance majeure aux causes géographiques et économiques. De tous les écrivains français modernes, celui qu’il cite le plus est M. J. de Morgan. « Pendant que s’imprimaient ces pages, écrit-il (p. 55), a paru le précieux ouvrage de J. de Morgan, Les premières civilisations (Paris, 1909), où, pour la première fois, on a tenté d’établir des liens intimes entre l’histoire géologique, la préhistoire et l’histoire des hommes..[.] Pourtant, l’illustre archéologue français n’a pas tenu compte des changements progressifs du climat de la terre depuis la fin de l’époque glaciaire. » Les modifications survenues dans le climat de l’Arabie ont, au contraire, beaucoup occupé M. Caetani.

Je signale (p. 364) d’intéressantes réflexions sur le prétendu fanatisme arabe, auquel on a attribué les succès si rapides des lieutenants et successeurs de Mahomet. M. Caetani n’en croit rien ; « C’est en vain qu’on cher­cherait dans le Coran une exhortation à mourir pour la foi » (p. 367). « Les vrais motifs de l’élan irrésistible qui poussèrent les Arabes hors de leurs déserts brûlés furent de nature pratique et matérielle... Il n’y a pas lieu d’alléguer une impulsion religieuse, pas plus que lorsqu’on raconte les invasions germaniques dans l’Empire romain et celles des Tartares en Asie au XIIe siècle. Les Arabes furent vainqueurs grâce à leurs ressources matérielles et à leurs vertus morales, où l’Islam n’avait rien à voir » (p. 368-9).

S[alomon] R[einach]

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