Smith, W. Benj.: Ecce Deus. Die Urchristliche Lehre des reingöttlichen Jesu. In-8, xvi-316 p.
(Iéna, Diederichs 1911)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 18 (4e série), 1911-2, p. 394
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W. Benj. Smith. Ecce Deus. Die Urchristliche Lehre des reingöttlichen Jesu. Iéna, Diederichs, 1911. In-8, xvi-316 p.


L’opinion généralement admise, par la critique libérale, est que Jésus était un homme supérieur et que la croyance à sa nature divine est le résultat d’une évolution. M. Benj. Smith soutient exactement le contraire ; Jésus est le dieu, identique à Jahveh, d’une secte juive antérieure au christianisme ; c’est une évolution evhémériste qui a fait du dieu un homme. Le fonds de l’Evangile de Marc montre partout le dieu et son culte, non l’homme ; la tendance des autres Evangélistes a été de plus en plus anthropomorphique, et cela est particulièrement vrai de l’Evangile de S. Jean, dont le mysticisme ne doit pas faire illusion. Le culte de Jésus est une forme agressive du monothéisme, dirigée contre le polythéisme gréco-romain ; les récits et les paraboles évangéliques ne s’entendent que si l’on y reconnaît à chaque pas l’annonce de la conversion des païens au monothéisme. Les « petits enfants » que Jésus ordonne de laisser venir à lui sont les nouveaux convertis; l’histoire des Noces de Cana s’explique de même. Le symbolisme n’est pas une méthode imaginée sur le tard pour expliquer les Evangiles ; ils sont eux-mêmes une collection de symboles, pour la plupart transparents. M. Benj. Smith a dédié son livre aux mânes du grand symboliste alexandrin Origène. Dire que je l’ai lu avec intérêt serait trop peu dire. Je sais quelles difficultés soulève la thèse de l’auteur et combien le quadrilatère des grandes Épîtres de Paul reste difficile à tourner ; mais Benj. Smith, comme historien des origines les plus lointaines du christianisme, me paraît aussi supérieur à M. Drews et au reste de l’extrême gauche allemande que Renan l’était à Dupuis et à Voltaire.

S[alomon] Reinach