Perdrizet, P.: Bronzes grecs d’Egypte de la Collection Fouquet. In-4°, xxi-97 p., avec 40 planches et 6 gravures dans le texte.
(Paris, Bibliothèque d’art et d’archéologie 1911)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 18 (4e série), 1911-2, p. 480-481
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P. Perdrizet. Bronzes grecs d’Egypte de la Collection Fouquet. Paris, Bibliothèque d’art et d’archéologie, 1911. In-4°, xxi-97 p., avec 40 planches et 6 gravures dans le texte.


Cette collection de bronzes, formée en Égypte par un excellent connaisseur, était célèbre sans être connue. Un hasard heureux — la rencontre de MM. Doucet et Perdrizet à Alexandrie — nous en vaut la publication somptueuse, faite aux frais du Mécène auquel on doit l’admirable « Bibliothèque d’art et d’archéologie » de la rue Spontini, que la modestie du fondateur n’empêche pas, quoi qu’il dise, d’appeler la « Bibliothèque Doucet » tout court. — Le grand intérêt de la collection Fouquet est son origine régionale ; les pièces de tout premier ordre y sont rares, mais il y a un grand nombre de petits bronzes de belle qualité. Les reproductions sont bonnes, parfois un peu empâtées. Mais si le poisson a du prix, la sauce, comme disait Scaliger, en a davantage. Elle est l’œuvre d’un maître coq qui sait son métier et l’aime, qui « s’en donne à lèche-doigts », suivant l’expression de Sainte-Beuve. La préface offre un raccourci de la vie alexandrine, avec des trivialités voulues, mais appropriées au sujet. M. Perdrizet a bien caractérisé ce mélange de vulgarité sensuelle et de mysticisme qui dégoûtait un Lucain et un Juvénal. Le commentaire des planches apporte quantité d’idées nouvelles (sur les types d’Aphrodite, d’Hermaphrodite, des Pygmées, etc.) ; il est très savant et ne se lit pas moins avec plaisir. Je dirais volontiers que c’est du « bon Fröhner », car la manière de M. Perdrizet rappelle celle du vieil archéologue, avec son goût pour les curiosités, les citations de textes peu lus, les finesses d’exégèse et aussi — ce qui n’est pas d’un très bon exemple — le coup de patte lancé à chaque tournant de page, avec la joie un peu féline d’égratigner. Sans attacher à cela trop d’importance, je dois pourtant mettre l’auteur en garde contre la tentation des critiques injustifiées. Ainsi, p. 86, on lit : « Le splendide rhyton d’argent, publié par Dalton, d’où Reinach, Rép., IV, 513, 2 qui y reconnaît, par inadvertance, un ovidé. » Pardon ! Ce rhyton se termine par une tête à cornes de bouquetin ; or, le bouquetin appartient au genre chèvre et la chèvre appartient à la famille des ovidés. Le terme général ovidés est inscrit en tête de la page où j’ai reproduit le rhyton de l’Oxus ; c’est ce que ne laisse pas soupçonner la remarque condescendante de l’auteur. — P. 75, on me reproche d’avoir qualifié un bronze d’Autun de bateleur, non de pancratiaste ; mais la désignation exacte de pancratiaste a été donnée par moi-même à cette figure, comme le reconnaît M. Hauser (Jahreshefte, 1909, p. 115), dans l’index du t. II de mon Répertoire. A quoi rime donc cette critique ? Je pourrais présenter bien d’autres observations de ce genre, mais ce serait insister sur des vétilles. L’essentiel, c’est la compétence et le savoir de l’auteur, qualités que je ne conteste pas.

                           S[alomon] R[einach]