Ridgeway, W.: The origin of Tragedy, with special reference to the Greek Tragedians. In-8, x-228 p. avec 15 gravures.
(Cambridge, University Press 1910)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 19 (4e série), 1912-1, p. 176-177
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W. Ridgeway. The origin of Tragedy, with special reference to the Greek Tragedians. Cambridge, University Press, 1910. In-8, x-228 p. avec 15 gravures.


M. Ridgeway soutient, depuis 1904, que l’origine de la tragédie grecque est le culte des morts. Le présent livre reprend et développe ses arguments. Il commence par exposer et réfuter les théories courantes ; puis il cherche des analogies chez différents peuples, méditerranéens ou non, notamment en Inde, au Thibet, en Mongolie. Revenant en Grèce, il essaie d’établir que les représentations de héros souffrants, de Passions, sont fort antérieures au culte de Dionysos ; les chants et les danses qui en sont les éléments essentiels faisaient partie des rites propitiatoires célébrés sur les tombes de héros, en vue d’assurer leur protection et la fécondité du sol. A ces formes du culte ancestral vint se superposer un culte orgiastique originaire de Thrace, ayant aussi pour but d’assurer l’abondance des fruits ; cette nouvelle religion, en bien des lieux, se greffa sur les cultes locaux des héros, dont les tombes devinrent les autels de Dionysos. Le seul véritable élément dionysiaque fut le dithyrambe, concernant les aventures du dieu et de ses compagnons les Satyres ; de là sortit le drame satyrique, qui parait uni à la tragédie et à la comédie, mais reste distinct de l’une et de l’autre. Le grand pas fait par Thespis consista à élever la danse tragique, du niveau d’un rituel attaché à un sanctuaire particulier, à celui d’une œuvre dramatique et littéraire. Dans les tragédies grecques qui nous restent, M. Ridgeway croit retrouver des traces de la conception primitive, notamment dans l’importance attachée aux tombes de rois et de héros, aux rites et sacrifices célébrés en leur honneur. Tout cela est très ingénieux et instructif, bien que je pense que M. Ridgeway, comme cela arrive souvent aux hommes d’esprit, ait voulu avoir trop complètement raison.

S[alomon] R[einach]