Hirn, Yrjö: The sacred Shrine. A study of the poetry and art of the Catholic Church. In-8, xv-574 p.
(Londres, Macmillan 1912)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 190-191
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 533 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=569
 
 

Yrjö Hirn. The sacred Shrine. A study of the poetry and art of the Catholic Church. Londres, Macmillan, 1912. In-8, xv-574 p.


       Ceci n’est pas un exposé didactique de l’art du catholicisme, mais plutôt une enquête sur l’essence et l’évolution de cet art, poursuivie, avec toutes les ressources d’une érudition polyglotte, par le savant professeur d’Helsingfors auquel on doit l’ouvrage si suggestif sur les Origines de l’art. « La doctrine catholique est riche en « possibilités poétiques » ; l’auteur s’est même demandé si cette doctrine ne résulterait pas d’une spéculation dirigée, en grande partie, par des aspirations d’ordre esthétique. Dans les écrits purement théologiques des Pères de l’Eglise et des ascètes, il semble que l’on constate continuellements [sic] les effets d’une création artistique, qui, bien qu’inconsciente et non intentionnelle, n’en est pas moins significative. Ainsi, quelques grands principes communs devraient permettre d’expliquer une production qui reste homogène par son caractère, bien que s’exprimant sous des formes aussi variées que des dogmes, des poèmes et des peintures. Voilà ce qu’on a essayé dans le présent ouvrage ; commencé comme une simple description (sic) d’ « histoire esthétique et littéraire, il est devenu une synthèse des caractères esthétiques de la mentalité du catholicisme ». Vingt-deux chapitres concernent : 1° l’art catholique en général, l’autel, les reliques, le reliquaire, la messe, le Saint des Saints, l’Eucharistie, la montrance, le tabernacle ; 2° le dogme de Marie, l’Evangile de Marie, la Conception de Marie et sainte Anne, l’Enfance de Marie, l’Annonciation, l’Incarnation, la Visitation, la Naissance virginale, la Crèche, la Mère douloureuse, la Dormition et l’Assomption de Marie, les symboles de la Vierge, la Vierge en gloire. Il n’y a pas de notes au bas des pages ; elles sont toutes réunies à la fin du livre, où elles forment un ensemble imposant de citations littéraires et de références. Le tout se termine par un index bibliographique très complet et un index des sujets traités.

       Bien entendu, toute polémique doctrinale ou dogmatique a été évitée. M. Hirn prend la pensée catholique telle que la littérature et l’art la révèlent ; il parle, sans embarras, de « mythologie chrétienne » (p. vi). Pourtant, de loin en loin, l’esprit critique revendique ses droits. Ainsi (p. 180), il est question de la prophétie d’Isaïe au sujet de la jeune femme, alma, dont les Septante ont fait une vierge, παρθένος. « Une erreur fatale, dont les 70 traducteurs se sont rendus coupables (1), a produit cette confusion de fables païennes et de tradition juive qui est encore à la racine des croyances de toutes les églises chrétiennes. » Mais ces excursions dans le domaine de l’exégèse sont heureusement rares ; l’auteur sait parler des mystiques les plus extravagants, même d’une Catherine d’Emmerich, sans faire montre d’une mauvaise humeur qui serait, dans un tel travail, fort déplacée.

       Je ne puis mieux louer ce livre qu’en le rangeant, dans ma bibliothèque, à côté des chefs-d’œuvre de M. Mâle. Je conseille à mes lecteurs d’en faire autant. Ce sera la récompense de M. Hirn de soutenir un pareil voisinage.

S[alomon] R[einach]

 

(1) M. Hirn croit donc à la légende des 70 traducteurs ?