Puech, Aimé: Les Apologistes grecs du IIe siècle de notre ère. In-8, 344 p.
(Paris, Hachette 1912)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 313
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Aimé Puech. Les Apologistes grecs du IIe siècle de notre ère. Paris, Hachette, 1912, In-8, 344 p.


L’auteur de ce bon livre a laissé de côté, du moins dans une large mesure, l’élément polémique des Apologies, c’est-à-dire les arguments opposés au paganisme, qui sont empruntés à la littérature anti-religieuse des païens eux-mêmes et n’ont rien d’original (p. 9). « J’ai plutôt demandé à Justin, à Tatien, à Athénagore ou à Théophile leur témoignage sur l’état de la doctrine chrétienne en leur temps ; j’ai recherché quelle part personnelle chacun d’eux a prise au développement de celle doctrine et en quoi la philosophie — platonisme ou stoïcisme — a contribué à cet apport. » Ce sont donc surtout les idées philosophiques des apologistes qui ont occupé M. Puech. Cette étude exigeait des qualités rarement réunies, une connaissance égale de l’ancienne littérature du christianisme et de la philosophie païenne ; elle a été conduite avec beaucoup de finesse et de savoir. « Les Apologistes grecs de l’époque antonine, écrit M. Puech, ne sont pas de grands esprits, bien qu’en ces dernières années on les ait peut-être un peu trop rabaissés (1). » C’est affaire de nuances ; mais vraiment, à relire Justin, on devient sévère pour ce médiocre rhéteur, qui, si l’on veut, « a ouvert beaucoup de voies, mais n’y avance pas très bien et n’y marche pas d’un pied très sûr » (p. 8). Il n’est que juste, d’autre part, d’enregistrer cette observation de M. Puech : « Nous concluons peut-être trop vite que tout ce qui nous semble sans portée l’était aussi pour les contemporains. » L’essentiel, en l’espèce, est moins de juger les apologistes que de savoir exactement ce qu’ils ont pensé et ce qu’ils ont cru ; ceux qui voudront l’apprendre avec tout le détail nécessaire ne trouveront pas de meilleur guide que M. Puech.

S[alomon] R[einach]

 

(1) M. Puech répète la même chose un peu plus loin (p. 16), faisant allusion à l’ouvrage de Geffcken (1907). Mais Renan n’était pas moins « sévère » en 1879.