Moreau-Vauthier, Ch.: La peinture. Les divers procédés, les maladies des couleurs, les faux tableaux. Préface de M. Étienne Dinet. In-8, 321 p., avec 24 planches.
(Paris, Hachette 1912)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 445-446
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Ch. Moreau-Vauthier. La peinture. Les divers procédés, les maladies des couleurs, les faux tableaux. Préface de M. Étienne Dinet. Paris, Hachette, 1912. In-8, 321 p., avec 24 planches.


« Le public s’intéresse plus que jamais à la peinture.... Le moment est opportun d’apprendre au public ce qu’est l’art de peindre, de lui expliquer les procédés divers, de l’avertir de leurs vertus et de leurs défauts, de leurs qualités et de leurs faiblesses. » Ce programme séduisant a été très bien exécuté. Non seulement ce livre est intéressant, mais il est original ; il fourmille d’observations dues à des artistes et fondées sur leur expérience personnelle. Il y a des planches en couleur très instructives, qui nous initient aux détails de la technique et à ceux des altérations superficielles des tons suivant la nature et la compositiom [sic] des couleurs employées. L’ouvrage est disposé comme il suit : 1° la technique. Résumé anecdotique de l’histoire de la peinture au point de vue des procédés ; l’auteur a donné des détails précieux sur la touche des impressionnistes, pleinairistes, etc. Çà et là, d’excellentes observations : « Léonard, le maître qui annonce le clair-obscur, en devient lui-même une victime ».... « Le bitume, le plus grand ennemi de la peinture et le plus grand ami des peintres » [ ;] 2° la vision des couleurs aux différentes époques (exposé et réfutation de la théorie de Magnus) et suivant la science (couleurs complémentaires ; il est exagéré de dire que la découverte de Chevreul ait été pressentie par Léonard, dont le Traité de la peinture est jugé d’ailleurs avec la réserve qui convient) ; description détaillée des procédés (pastel, détrempe, glacis, fresque, huile, etc.) ; 3° les maladies des peintures, dues les unes à l’altération des supports, les autres à celle de la surface ou des couleurs elles-mêmes ; 4° la conservation et la restauration des tableaux ; procédés anciens et modernes ; les œuvres des faussaires ; comment regarder la peinture. — M. Moreau-Vauthier a voulu démontrer que les couleurs des primitifs n’étaient nullement meilleures que les nôtres, bien au contraire, mais que leurs procédés valaient mieux. Les artistes qui voient noircir leurs toiles, souvent du jour au lendemain, ne doivent pas s’en prendre au marchand de couleurs, mais à leur inexpérience. A l’avenir, ils auront un guide aimable et sûr, duquel les historiens de la peinture et les critiques d’art ont également beaucoup à apprendre. J’ajoute que la préface de M. Dinet n’est pas le moindre attrait de ce bon livre (1).

S[alomon] R[einach]

 

(1) Petites taches : le frère de Phidias ne s’appelait pas Pausanias ; les Van Eyck ne sont pas morts en 1450.