H. Hubert. Nantosvelta, déesse à la ruche. In-8, 15 p. (extrait des Mélanges Cagnat). Paris, Fontemoing, 1912.

Sur la stèle de Nantosvelta, trouvée en même temps que celle de Sucellus et Nantosvelta à Sarrebourg, la déesse tient une hampe surmontée d’une ruche ; à ses pieds, à droite, sont trois petits tonneaux, qu’on n’avait pas encore remarqués. Le tonneau, attribut fréquent du dieu au maillet, est un tonneau de bière ; les Gaulois étaient buveurs de bière, alors que les vignes de la Gaule datent d’une époque tardive (cf. Cultes, II, p. 373) ; ils fabriquaient aussi de l’hydromel. L’association du dieu de la bière et de la déesse de la ruche se comprend donc sans peine. Le vase que tient le dieu au maillet est un pot de bière; si ce dieu paraît quelquefois sous les apparences de Vulcain, c’est qu’il est à la fois tonnelier et forgeron : « Brasseur en tous cas et fabriquant tantôt le chaudron, tantôt le fût, tantôt la bière. Cette combinaison de métiers n’est probablement pas accidentelle et fait penser à l’association que la mythologie grecque établit entre Héphaestos et Dionysos. »

Le dieu de la bière a été latinisé encore sous les espèces de Mars. Une inscription bretonne est une dédicace Deo Marti Braciacae : or bracis, signifie le brassage. A ce Mars, dieu de la bière, répond une déesse guerrière de l’hydromel. En sainte Brigitte, qui renouvelle en Irlande, avec de la bière, le miracle de Cana, survit une déesse celtique de la bière. Enfin, le dieu infernal fait largesse avec un chaudron de bière; si les morts gaulois tiennent souvent des pots ou des gobelets, c’est pour boire au tonneau du dieu et trinquer avec lui. La bière, en Gaule, n’est pas seulement une boisson hygiénique, mais rituelle.

Ce mémoire ajoute à nos connaissances des hypothèses qui valent, à mes yeux, des certitudes.

S[alomon] R[einach]

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