Harrison, Jane Ellen: Themis, a study of the social origins of Greek religion. In-8, xxxii-559 p., avec gravures.
(Cambridge, University Press 1912)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 21 (4e série), 1913-1, p. 442
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Jane Ellen Harrison. Themis, a study of the social origins of Greek religion. Cambridge. University Press, 1912. In-8, xxxii-559 p., avec gravures.


 

Dans ses Prolegomena to the study of Greek religion, publiés en 1903, Miss Harrison a voulu montrer (après d’autres) que la mythologie olympienne d’Homère n’était pas plus primitive que son langage ; c’est aux cultes chthoniens qu’il fallait avoir recours pour découvrir d’anciennes conceptions de dieux. Non seulement ces Olympiens d’Homère ne sont pas primitifs, mais ils ne sont pas, à proprement parler, religieux, tandis qu’on ne peut en dire autant de Dionysos et d’Orpheus. Là-dessus, Miss Harrison a lu les œuvres de M. Bergson et a cru s’apercevoir que Dionysos, ainsi que les autres divinités des mystères, exprimait ce que le philosophe français entend par durée, la vie continue et changeante, tandis que les Olympiens étaient des produits de l’intellectualisme, des créations de ce que William James appelle le déisme monarchique. Puis Miss Harrison a lu les œuvres de M. Durkheim, à la lumière desquelles elle reconnut que, si Dionysos est toujours accompagné d’un thiase, c’est qu’il reflète une pensée collective et que, s’il est fils de Sémélé, c’est qu’il fut conçu dans un groupe matriarcal. Sur toutes ces lectures vint se greffer la découverte, à Palaikastro en Crète, de l’hymne des Courètes. « En commentant cet hymne, j’ai trouvé avec joie que le texte incorporait la vraie pensée collective ou plutôt l’évolution collective vers la vie, qui, — j’avais commencé à le reconnaître — doit être sous-jacente à toute représentation religieuse primitive. L’hymne chanté par les Kourètes invoque un démon, le grand Kouros, qui était clairement la projection d’un groupe de fidèles. Il accompagnait une danse magique et était le véhicule d’un culte primitif sacramentel. Par l’analyse détaillée de cet hymne, nous devons, je crois, arriver à comprendre l’essence d’une religion de mystères et, incidemment, la raison pour laquelle les Olympiens n’ont pu donner satisfaction à l’instinct religieux. L’hymne des Kourètes a fourni à mon livre sa trame naturelle et nécessaire. » Tout ce qui précède est extrait d’une longue préface et la place me manque pour parler du livre lui-même ; qu’il me suffise d’indiquer l’ordre des matières : 1° L’hymne des Kourètes ; 2° Le dithyrambe, le δρώμενον et le drame ; 3° Les Kourètes, les rites du tonnerre et le mana ; 4° Magie et tabou, l’oiseau et le roi médecin ; 5° Totémisme, communion, sacrifice ; 6° Le dithyrambe, la fête du printemps, le sarcophage d’Haghia Triada ; 7° L’origine des jeux olympiques ; 8° Démons et héros ; formes rituelles conservées dans la tragédie grecque ; 9° Du démon au dieu olympien ; 10° Les Olympiens ; 11° Thémis, conscience sociale de qui dépend la structure de la société. Les chapitres sur les formes rituelles de la tragédie et sur les origines des jeux olympiques sont dûs à MM. Gilbert Murray et Comford.

S[alomon] R[einach]