Valois, Noël: Le procès de Gilles de Rais (extrait de l’Annuaire du Bulletin de la Société d’histoire de France, 1912). In-8, 47 p.
(Paris 1913)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 21 (4e série), 1913-1, p. 447-448
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Noël Valois. Le procès de Gilles de Rais (extrait de l’Annuaire du Bulletin de la Société d’histoire de France, 1912). Paris, 1913. In-8, 47 p.


M. N. Valois a repris en grand détail l’examen de cette cause célèbre, combattant point par point, avec autant de courtoisie que de science, l’essai de réhabilitation du maréchal que j’ai publié en 1904 (réimprimé avec additions dans Cultes, t. IV, p. 267 et suiv.). Il m’a appris bien des choses, par exemple que les Bénédictins éprouvèrent déjà des doutes (L’art de vérifier les dates, éd. de 1784, t. II, p. 908) : « Malheureusement (Gilles de Rais) avait cru devoir faire entrer dans ce cortège de prétendus devins et magiciens, ce qui fit qu’on lui imputa des horreurs dont il n’était peut-être point coupable ». Il m’a appris aussi que la figure pittoresque de la pourvoyeuse de Gilles, la Meffraye, courant les campagnes avec un chapeau noir et un long voile d’étamine noir, qui lui donnaient un air effrayant, doit ce costume non à un texte, mais à l’imagination de Michelet. D’autres rectifications, plus importantes pour le fond de l’affaire, sont tirées en partie du procès en français, qui n’a pas encore été publié intégralement. Si je réimprime jamais mon mémoire, j’y apporterai de notables modifications ; mais, avant comme après le beau travail de M. Valois, je ne comprends pas la psychologie du maréchal, je suspecte les aveux arrachés par la torture et je suis frappé du caractère banal des accusations. Grâce à M. Valois (p. 40), je sais aujourd’hui que le duc Jean V, dès le 3 septembre 1440, disposait en faveur de son fils aîné des biens du maréchal de Rais, dont la condamnation, suivie de confiscation, lui paraissait certaine ; or, les premières dépositions recueillies par les juges du duc le furent seulement le 18 septembre et les témoignages accablants pour Gilles se produisirent seulement le 19 octobre. Quand on cède ainsi la peau de l’ours avant l’ouverture de la chasse, c’est qu’on est bien décidé, per fas et nefas, à tuer l’ours (1).

S[alomon] R[einach]

 

(1) M. Valois n’a rien dit du prétendu manuscrit de Suétone dont les miniatures obscènes auraient déterminé la chute morale de Gilles de Rais ; il n’a pas voulu perdre son temps à réfuter cette invention qui paraît due, comme j’ai essayé de le montrer, à Paul Lacroix. — Tout le monde avait répété, depuis le livre de Bossard et de Maulde, que Gilles de Rais avait orné lui-même d’émaux la couverture de ses missels ; M. Valois montre qu’il s’est borné à faire œuvre de calligraphe, incaustum ne signifiant pas émail, mais encre (p. 6).