Rostowzew, M.: Hellenistisch-roemische Architekturlandschaft. Gr. in-8°, 185 p., 11 planches et 67 figures. (Extrait des Roemische Mitteilungen, 1911-2).
( 1911-12)
Compte rendu par Adolphe Joseph Reinach, Revue Archéologique t. 22 (4e série), 1913-2, p. 297-298
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M. Rostowzew. Hellenistisch-roemische Architekturlandschaft. Gr. in-8°, 185 p., 11 planches et 67 figures. (Extrait des Roemische Mitteilungen, 1911-2).


C’est aux travaux déjà classiques du savant russe sur le colonat romain que nous devons l’origine du présent mémoire. Ses recherches l’ont amené à étudier les peintures de Pompéi qui peuvent donner une idée des villes, villas et campagnes romaines. Il suffit de rappeler que ces compositions, généralement aussi petites de dimensions que chargées de détails, ne forment d’ordinaire que des motifs accessoires dans les fresques campaniennes — ou du moins étaient jusqu’ici considérées comme telles — pour se rendre compte du service que M. Rostowzew a rendu en reproduisant près d’une centaine de ces sujets, la plupart d’après des photographies nouvelles, grâce au concours de l’Institut allemand de Rome qui lui a permis de rééditer, en le développant et en l’illustrant aussi abondamment, un essai publié en russe quatre ans auparavant (1908).

On ne peut songer à suivre une description aussi détaillée; il est même difficile de résumer les conclusions de l’auteur, tant il a usé de divisions et de subdivisions qui semblent bien tranchées au moment même où l’on commence à contester la théorie des quatre styles pompéiens. Voici du moins ce qui parait établi.

1) A Pompéi, les paysages architecturaux (Architekturlandschaft) commencent avec le 2e style (auquel R. rattache les stucs de la Farnésine) et se répandent sur toutes les parties du mur à décorer. La majorité des constructions a un caractère religieux ; le paysage et tout ce qui l’anime est idyllique ; l’architecture est surtout classique (gréco-romaine), avec de rares éléments égyptisants. Ce serait celle du dernier siècle de la République. M. R. n’aurait il pas dû marquer plus nettement le caractère théâtral que présente souvent le décor architectural du 2e style ? Il a bien rappelé l’influence probable d’Agatharchos d’Alabanda dont Vitruve fait le rénovateur de la skénographie ; il aurait peut-être mieux valu penser à Sérapion qui paraît avoir travaillé à Rome dans le même sens du temps de Varron (Pline, XXXV, 113).

2) Le 3e style emploie les paysages architecturaux, ou bien comme tableaux centraux, ou bien-en frises minuscules: dans les tableaux centraux, ce sont surtout des scènes mythologiques où l’architecture plaisante recule devant des paysages de montagne ou de mer, souvent sauvages, marqués d’un vif sentiment de la nature ; l’architecture classique, elle aussi, recule devant des aménagements beaucoup plus variés, où les éléments orientaux — gréco-syriens et gréco-égyptiens — dominent. Dans la décoration-miniature, portiques et 298 colonnades se développent interminablement. C’est à cette décoration que s’appliquerait le fameux passage de Vitruve, VII, 5.

3) Dans le 4e style se multiplient les villes au milieu de paysages accidentés vus au bord de la mer, les ports, détroits et autres vues maritimes, enfin les constructions égyptiennes au milieu d’un paysage nilotique ; en réduction, celles-ci donnent les paysages pygméens. C’est ce genre de décoration villas et porticus et toparia opera, lucos, nemora, colles, piscinas, euripos, amnes, litora — dont aurait été l’initiateur, au temps d’Auguste, ce Studius qui, selon Pline, primus instituit amoenissimam parietum picturam.

Après avoir jeté un coup d’œil sur ce que les reliefs pittoresques, votifs ou funéraires de l’époque hellénistique et quelques séries céramiques qui remontent jusqu’au IVe s. peuvent fournir d’indications pour comprendre la formation de ces divers genres de paysages architecturaux — M. R. aurait pu remonter plus haut s’il avait utilisé la dissertation de Mlle Heinemann, Landschaftliche Elemente in der griech. Kunst bis Polygnot, 1910 — l’auteur passe à l’examen des principaux types de construction qu’ils présentent : scholae ou exèdres, chapelles à balustre, portes ou arches monumentales, colonnes isolées portant des statues ou des urnes (il n’a pas marqué le caractère funéraire de celles-ci : cf. Collignon, Les statues funéraires, p. 97). C’est ici que l’absence de connaissances techniques se fait malheureusement sentir ; on regrettera que M. R. ne se soit pas assuré le concours d’un architecte pour arriver à une interprétation exacte de toute cette architecture légère de kiosques et de pavillons, de rotondes et de casinos qui forment un chapitre de l’histoire de l’architecture dont, seules, les peintures de Pompéi nous ont conservé les éléments. Du moins la centaine de documents publiés ici facilitera-t-elle singulièrement ce travail au spécialiste qui voudra l’entreprendre un jour.

A[dolphe Joseph] Reinach