Louis Réau. Saint-Pétersbourg. Paris, Laurens, 1913. In-8, 195 p., avec 150 gravures.

L’idée dominante de cette excellente monographie est celle de l’influence exercée par l’art français sur l’architecture de Saint-Pétersbourg et de la grande place occupée, dans les collections russes, par les chefs-d’œuvre de notre art national depuis le XVIII^e siècle. Mais l’auteur n’a pas méconnu les autres éléments, russes et étrangers, qui ont contribué à faire de Saint-Pétersbourg une des villes les plus cosmopolites de l’Europe ; il a surtout su choisir, avec un vif sentiment des valeurs, ce qui méritait d’être mis en lumière, aux dépens de détails accessoires qu’on peut chercher dans les Guides de voyageurs. Tout ce qu’il dit des Musées de la capitale témoigne d’un goût très sûr ; peut-être aurait-il dû donner aussi quelques spécimens des marbres antiques, notamment des beaux reliefs dont l’acquisition du fonds Campana a enrichi l’Ermitage. Je signale les reproductions photographiques de bijoux grecs de la Russie méridionale (p. 101 et suiv.), parce qu’on est trop habitué à les voir figurés d’après les froides gravures des Antiquités du Bosphore ou des Comptes-rendus. Bien entendu, dans un ouvrage aussi sommaire, il a fallu être très bref ; mais le peu que M. Réau a dit de la civilisation grecque en Scythie est exact. Les jugements sur les œuvres de peinture sont aussi justes que nettement formulés et le choix des illustrations est heureux. Pourtant, au lieu du douteux Filippino de la p. 113, j’aurais voulu trouver la précieuse Judith, dont l’attribution à Giorgione est admise, comme de raison, par l’auteur.

S[alomon] R[einach]

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