Sizeranne, R. de la: Les masques et les visages à Florence et au Louvre. In-8, xi-251 p., avec gravures.
(Paris, Hachette 1913)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 22 (4e série), 1913-2, p. 312
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R. de la Sizeranne. Les masques et les visages à Florence et au Louvre. Paris, Hachette, 1913. In-8, xi-251 p., avec gravures.


« Il y a beaucoup de figures célèbres et dont on ne sait rien. Ce qui est célèbre, c’est le masque: on ignore, d’habitude, le visage, j’entends le caractère, le rôle, la destinée… On quitte le musée ou l’église avec une joie mêlée d’un regret : l’arrière-goût d’une curiosité qui n’a pas été satisfaite. De cette curiosité est né ce livre. » Il faut doublement louer une curiosité qui nous a valu un si joli livre. M. R. de la Sizeranne a prouvé depuis longtemps qu’il sait, comme un érudit de profession, étudier une question et ses entours, et qu’il sait aussi, en excellent écrivain qu’il est, rendre aimable tout ce qui a fixé son attention. Il y a, dans son nouveau volume, un mélange de fine psychologie et de savoir historique puisé aux bonnes sources qui ferait songer à Gaston Boissier si l’auteur n’écrivait pas d’une autre manière, bien différente de celle du maître qui sacrifiait tout à la simplicité, même l’esprit dont il était pourvu comme pas un. Les Masques et visages sont Giovanna Tornabuoni, la belle Simonetta, Lucrezia de Médicis, Tullia d’Aragon, Eléonore de Tolède, Bianca Capello, Isabelle d’Este (très longuement étudiée), Balthazar Castiglione. Chacun de ses personnages revit à nos yeux dans l’œuvre principale qui fait conaître [sic] ses traits, dans sa vie, son caractère et son milieu. Qu’on lise, par exemple, après avoir regardé la belle reproduction du portrait de Moretto à Brescia, le chapitre intitulé : Tullia d’Aragon ; je dirais que c’est une évocation, si ce mot n’était devenu fruste à force de servir. Dans le détail, il y a bien des observations à retenir ; je cite cette note de la page 19 : « Il est assez difficile de comprendre, ou même d’imaginer, pourquoi, dans quelques catalogues ou guides officiels de Chantilly et du Louvre ou de Florence, dûs à divers membres de l’Institut, la belle Simonetta est donnée comme la fille d’un Vespucci, qui serait Génois, et mariée à un Cattaneo, qui serait Florentin — ce qui fait beaucoup d’erreurs en peu de mots — ni pourquoi Giovanna degli Albizzi, qui épousa Lorenzo Tornabuoni, est donnée comme une Tornabuoni qui aurait épousé un Albizzi. » M. de la Sizeranne ne prend pas sa science toute faite : il y regarde de près.

S[alomon] R[einach]