J. Bidez. Vie de Porphyre, philosophe néo-platonicien. Gand, Van Goethem, 1913. In-8, vii-166 et 73* p.

Possédant, en manuscrit, un recueil des fragments de Porphyre, que nous espérons ne pas attendre longtemps, l’auteur était admirablement armé pour nous donner une biographie vraiment critique du successeur et éditeur de Plotin. Il s’est acquitté de sa tâche avec l’exactitude d’un érudit et la finesse d’un écrivain délicat ; cette Vie de Porphyre est un régal. Le premier, peut-être, parmi ceux qui se sont occupés du philosophe tyrien, M. Bidez a essayé de suivre l’évolution de sa pensée et d’expliquer ainsi les contradictions que l’on releva de bonne heure dans ses écrits. Séduit d’abord par les superstitions orientales, puis par le « dilettantisme religieux » d’Athènes, Porphyre devint, à l’école de Plotin, un contemplatif ascétique, plus moraliste d’ailleurs que métaphysicien et quelque peu porté vers l’éclectisme. A certains égards, il nous apparaît comme le premier des scolastiques, comme Plotin a été le dernier des philosophes. Mais c’est surtout pour la vigueur de sa critique que Porphyre a droit au respect de la postérité. Les quinze livres qu’il composa contre les chrétiens ont péri; les traités mêmes que les chrétiens écrivirent pour lui répondre n’ont pas trouvé de copistes ; il en reste pourtant assez pour prouver que Porphyre fut très supérieur à Celse et qu’il devança parfois, dans la critique des Écritures, Spinoza et les philosophes du XVIII^e siècle. M. Bidez a tiré de ces débris tout le parti possible ; il a ajouté à sa biographie les fragments des traités sur les statues (περὶ ἀγαλμάτων) et sur le « retour » de l’âme ; il a dressé aussi la première liste critique des œuvres de Porphyre, dont si peu sont parvenues jusqu’à nous, mais dont plus d’un fragment n’avait pas encore été remarqué.

S[alomon] R[einach]

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