Sieveking, J. - Buschor, E.: Niobiden. Extrait du Münchener Jahrbuch, II. In-8, 35 p., avec gravures.
(1912 )
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 150-151
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J. Sieveking et E. Buschor. Niobiden. Extrait du Münchener Jahrbuch, 1912, II. In-8, 35 p., avec gravures.


 

Mémoire important qui constitue un progrès — parce qu’il nous ramène en arrière, à des opinions autrefois admises, que l’influence un peu tyrannique de Furtwaengler avait fait écarter. La Niobide Chiaramonti serait un original grec, de Bryaxis ou de son école ; elle aurait fait partie du groupe signalé par Pline (36, 28), que certains attribuaient à Praxitèle, d’autres à Scopas. Les Niobides de Florence étaient non pas des copies impériales des statues de ce groupe, mais des imitations inspirées par la tendance néo-classique, en réaction contre le baroque hellénistique (p. 128). Ce qui est vrai de ces Niobides l’est aussi d’autres sculptures célèbres, comme le Tireur d’épine, la tête dite de Nelson, l’Apollon Pourtalès, l’Eumachia de Naples ; ce ne sont pas des reproductions de types du Ve siècle, mais, si l’on peut dire, des « modernisations », quelque chose comme l’antiquité imitée par Canova ou par Flaxman. Sur quoi je m’étonne que les auteurs n’aient point parlé de la Vénus dite de Fréjus, attribuée successivement à Alcamène, à Praxitèle et à Arcésilas, toujours par d’assez bonnes raisons. En 1887, étudiant cette statue (1), je me suis permis de conclure ainsi : « J’y reconnais un type probablement créé par Alcamène, reproduit, avec des modifications que nous ne pouvons préciser, par Praxitèle, et imité ensuite tant par les coroplastes d’Asie Mineure que par les artistes des époques hellénistique et gréco-romaine, entre autres peut-être… par Arcésilas, dans l’image de la déesse qu’il fit pour le temple du Forum ». Et j’ajoutais : « L’opinion éclectique à laquelle nous nous arrêtons n’a rien d’inconciliable avec ce que nous savons touchant les habitudes des sculpteurs de l’antiquité. L’idée de la propriété artistique et, par suite, celle du plagiat leur étaient étrangères ; le mérite de l’exécution, celui de la nouveauté et de la perfection dans le détail, paraît avoir eu plus d’importance à leurs yeux que celui de la création des types (2) ». MM. Conze, Michaelis, Furtwaengler et d’autres, en 1887, trouvèrent cela inadmissible ; MM. Sieveking et Buschor seraient sans doute plus indulgents aujourd’hui (3).

S[alomon] R[einach]

 

(1) Gazette archéologique, 1887, p. 250-285.

(2) « La méconnaissance des modifications d’ouvrages grecs, à l’époque romaine, établie ici par plusieurs exemples certains, a été un grand danger pour la recherche archéologique. Elle a eu pour résultat de troubler l’image du développement de l’art grec du Ve et du IVe siècle, parce qu’on a eu recours, pour la caractériser, à des éléments étrangers et tardifs » (p. 138). C’est exact, mais ce n’est nouveau que parce que cela avait été un peu oublié.

(3) Il y a bien d’autres choses intéressantes dans le mémoire que nous annonçons : renseignements nouveaux sur la trouvaille des Niobides en 1583 (p. 111) ; observations sur la Pédagogue du Louvre (p. 114) ; essai de restitution du groupe original (p. 116, 117) ; la Victoire de Samothrace est du iie siècle (p. 124) ; comparaison des tireurs d’épine (p. 129 sq.) ; la Vénus de Milo est une Umschöpfung du iie siècle (p. 136), etc.