Birt,Theodor: Römische Charakterköpfe. In-8, 348 p., avec 24 héliogravures.
(Leipzig, Quelle et Meyer 1913)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 151-152
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Theodor Birt. Römische Charakterköpfe. Leipzig, Quelle et Meyer, 1913. In-8, 348 p., avec 24 héliogravures. Prix : 7 mark.


 

L’auteur — un vétéran de la science, dont l’éloge n’est pas à faire — a écrit ce livre sans références pour le grand public, mais il espère, à bon droit, que les savants et les spécialistes trouveront aussi à y glaner. Les historiens, suivant lui, s’occupent trop souvent, à titre presque exclusif, des faits d’une époque, et renoncent à peindre les individus ; pour réagir contre cette tendance, il a voulu nous donner une galerie de portraits romains, sans dissimuler que ses modèles ne se montrent pas à lui de pied en cap et qu’il faut, pour compléter leurs images, quelque fantaisie. Sur quoi je ferai observer que lorsqu’il s’agit d’un Cicéron, d’un Sénèque, d’un Julien l’Apostat, dont nous possédons des œuvres très considérables et sur lesquels les informations sont abondantes, et n’y a pas de témérité à vouloir reconstituer leur physionomie morale et intellectuelle à l’aide des textes qui émanent d’eux ou qui les concernent ; mais quand il s’agit d’un Lucullus, d’un Sylla, d’un Pompée, l’entreprise semble bien hasardeuse. Quoi qu’on fasse, on prendra toujours pour point de départ le portrait tracé par un historien de l’antiquité et l’on n’aura, pour le contrôler, que des vraisemblances internes, critérium très insuffisant. Cela dit, je reconnais volontiers à M. Birt le don de la « caractérisation » ; ses personnages vivent et se détachent fortement (1). Non qu’il ait le talent littéraire d’un Boissier ou d’un Martha ; il en est bien loin. Ses phrases concises — qualité rare chez les écrivains allemands — ont parfois une allure étrange : « César essaya de se surpasser lui-même. Il franchit hardiment le Rhin à Bonn et passa même en Angleterre ; en Angleterre il espérait trouver de ces perles authentiques qu’il aimait tant » (p. 153). Pas un mot de plus ; ceux qui croiront cela se contenteront de peu. « Titus commença par mener une vie facile (flott), un peu dans le style baroque (Barockstil) des précédents souverains. La faute en était à Bérénice, qui vint le trouver à Rome. Elle le poursuivit et il l’aimait visiblement. Elle traînait aussi après elle à Rome tout un cortège de beaux garçons, de danseurs et de castrats » (p. 257). Les premières phrases sont d’un goût contestable ; la dernière n’est fondée sur rien, sinon sur l’existence de quelques épitaphes où figure le nom de Julia Berenike et qui pourraient se rapporter à des affranchies de la reine juive (Schürer, I, p. 597). Je me méfie de cette manière impressioniste [sic] d’écrire l’histoire.

S[alomon] R[einach]

 

(1) Je défie qu’on commence, sans aller jusqu’au bout, la biographie de Marc-Aurèle, la dernière et la meilleure peut-être de ce volume. A la fin une idée bizarre : les tsars russes sont les continuateurs des Césars du Bas-Empire ; ceux d’Antonin et de Marc-Aurèle sont les rois prussiens sur le trône impérial !