Faye, Eug. de: Gnostiques et gnosticisme. Étude critique des documents du gnosticisme chrétien aux IIe et IIIe siècles. In-8, ii-480 p.
(Paris, Leroux 1913)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 156
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Eug. de Faye. Gnostiques et gnosticisme. Étude critique des documents du gnosticisme chrétien aux IIe et IIIe siècles. Paris, Leroux, 1913. In-8, ii-480 p.


 

 « Avant de rechercher les origines lointaines du gnosticisme ou de tenter d’en faire l’histoire, il faut élucider à fond la question des sources. Le défrichement préalable du champ qu’il s’agit de mettre en valeur n’est pas encore achevé » (p. 3). Ces lignes caractérisent la manière analytique de M. de Faye, opposée à la manière synthétique de M. Bousset (Hauptprobleme der Gnosis, 1907), dont l’intérêt ne lui échappe point, mais qu’il juge prématurée. Ce n’est donc pas une histoire du gnosticisme que nous a donnée l’auteur, mais des recherches sur les gnostiques, en particulier sur Basilide, Valentin, Marcion, Apelle, les gnostiques des Philosophumena, les gnostiques coptes, les Ophites. L’idée dominante est la division du gnosticisme en deux périodes, faisant suite à une époque de gestation qui nous échappe : 1° les fondateurs, vers l’an 120, créateurs originaux de systèmes et d’écoles philosophiques, où l’ascétisme est de règle, qui se recrutent surtout parmi les gens cultivés ; 2° depuis la fin du IIe siècle, tendance au syncrétisme et développement d’un gnosticisme sacramentel, qui subordonne la connaissance à la rédemption, sous l’influence des mystères païens. Cette forme de gnosticisme a influé à son tour, sur la grande Église « qui adoptera l’idée ritualiste et en fera le principe et le nerf de ses sacrements » (p. 458). Ce qui distingue essentiellement le gnosticisme du IIIe siècle de celui du IIe, « c’est que les associations qui le composent, d’écoles qu’elles étaient, deviennent des confréries religieuses », ayant pour but principal l’accomplissement de certains rites expiatoires. Ainsi s’explique à la fois la popularité du gnosticisme à cette époque et son absurdité ; les gens incultes, devenus la majorité dans ces associations, y firent prévaloir leurs superstitions ridicules et parfois aussi, semble-t-il, leur libertinage. L’Église, en le combattant avec acharnement, n’a pas seulement lutté pour ses droits, mais pour ceux de la morale et de la raison.

S[alomon] R[einach]