Groot, J. J. M. de: Religion in China. In-8, xv-327 p.
(New-York, Putnam 1912)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 158-159
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J. J. M. de Groot. Religion in China. New-York, Putnam, 1912. In-8, xv-327 p.


 

 Les manuels enseignent qu’il y a trois religions en Chine : le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme. Les Chinois disent cependant que leur pays, bien que pratiquant trois religions, n’en possède, en vérité, qu’une seule. Cela ne signifie pas que ces trois religions ont été amalgamées, car alors elles n’existeraient plus isolément ; ni que chaque Chinois professe à la fois trois religions, car on ne comprendrait pas pourquoi elles se réduisent pour lui à une ; ni que les Chinois sont les plus tolérants des hommes, car M. de Groot a prouvé lui-même, dans son ouvrage Sectarianism and religious persecution in China, qu’ils ne sont pas tolérants du tout. La vraie explication, proposée par M. de Groot et dont la démonstration forme l’objet du présent volume, serait celle-ci : Les trois religions en question sont trois branches, nées d’un tronc commun qui a existé depuis les temps préhistoriques ; ce tronc n’est autre que la religion de l’univers (universisme), de ses parties et de ses phénomènes. L’universisme est la religion unique de la Chine ; comme le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme en sont « les trois parties intégrantes », tout Chinois se sent également à l’aise avec l’une et l’autre, sans être choqué par des principes dogmatiques qui se contredisent ou qui s’excluent. A l’époque des Han (-200 +200 ap. J.-C.), l’ancien tronc se divisa en deux branches, taoïsme et confucianisme ; le bouddhisme, sous sa forme universaliste (Mahayâna), arrivant de l’Inde, se greffa alors sur l’ancien tronc. Il est remarquable que la Chine reçut ainsi les religions dont elle vit encore à l’époque même de la fondation du christianisme.

S[alomon] R[einach]