Ed. Chavannes et R. Petrucci. Ars Asiatica. La peinture chinoise au Musée Cernuschi en 1912. Bruxelles, Van Oest, 1914. In-4, 100 p., avec 47 planches.

L’exposition organisée en 1912 au Musée Cernuschi réunissait un certain nombre de peintures chinoises dont il était possible de fixer avec quelque précision l’origine et la date. Comme les études historiques sur l’art chinois sont encore à leurs débuts, il a paru utile de mettre en pleine lumière, au moyen de planches luxueuses et de commentaires développés, quelques exem­plaires vraiment typiques, destinés à fournir des points de repère précis autour desquels viendraient se classer, avec le temps, les œuvres incertaines. A la suite de ces notices très détaillées on trouve un catalogue sommaire des 144 peintures exposées. Celles qui sont reproduites datent du VIII^e siècle (époque des Tang) au XVIII^e ; elles nous conduisent à travers les époques des Song, des Yuan, des Ming jusqu’à celle des Tsing. Cet ensemble permet déjà d’en­trevoir les caractères d’une évolution qui n’a pas été rectiligne et où l’acadé­misme précoce, l’archaïsme et le maniérisme ont eu leur part. Parmi les peintures reproduites, la plus belle, à mon avis, est un portrait d’homme de la collection Rivière (pl. XVII), fragment d’une composition plus importante qui a péri. « Dans l’acuité singulière du regard, disent les auteurs (p. 30), on sent revivre toute cette tradition de la vieille peinture chinoise qui y voyait un reflet direct de l’âme, une valeur mystérieuse et magique. » Un pareil portrait tient sa place à côté d’un Van Eyck ou d’un Pisanello. C’est à Pisanello aussi que font penser les peintures représentant des animaux ; quant aux paysages, il faut aller jusqu’au XIX^e siècle pour en trouver, dans l’art français moderne, les équivalents.

S[alomon] R[einach]

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