Jullian, Camille: Les anciens dieux de l’Occident. In-8, 43 p.
(Paris, Revue Bleue 1914)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 306
Site officiel de la Revue archéologique
Lien avec l'édition numérique de ce livre
 
Nombre de mots : 343 mots
 
Citation de la version en ligne : Les comptes rendus HISTARA.
Lien : http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=838
 
 

Camille Jullian. Les anciens dieux de l’Occident. Paris, Revue Bleue, 1914. In-8, 43 p.


 

Cette brillante leçon, faite le 3 décembre 1913 au Collège de France, résume le cours d’une année. L’auteur y expose ses idées sur la reli­gion et la mythologie des Ligures, qui sont pour lui des Italo-Celtes, des Indo-­européens. « J’ai choisi les institutions que les Celtes partagèrent avec les Italiotes et dont l’origine doit remonter à leurs ancêtres communs les Ligures. Et comme tous ces témoignages concordaient, j’ai tracé sans peine et sans crainte les traits de ce tableau » (p. 26). M. Jullian reconnaît d’abord « quatre souverains de l’espace et du temps, Terre et Ciel, Lune et Soleil », puis l’étoile du soir et celle du matin, le dieu du feu, le dieu du vent, les dieux du sol habité, du temps vécu, des sociétés humaines (p. 31), enfin les demi-dieux animaux, minéraux et végétaux (p. 36), le tout « s’entremêlant et s’enche­vêtrant en une confusion inextricable » (p. 37). Avons-nous vraiment les moyens de démêler cette confusion ? Ce que nous savons de plus positif sur la religion des Celtes, c’est ce que nous apprennent les monuments figurés gallo-romains, lorsqu’on fait abstraction de leur contenu gréco-romain ; or, le résultat de cette opération me semble peu d’accord avec la théologie de M. Jullian. Je ne vois pas que le Soleil, la Lune, le Ciel, la Terre, les Vents, etc., aient beaucoup inté­ressé les sculpteurs gallo-romains ; en revanche, je les trouve fort occupés des bêtes et témoignant ainsi d’une phase pas trop reculée encore où ces bêtes — che­vaux, taureaux, sangliers, serpents — étaient au premier plan dans le panthéon. M. Jullian n’admet pas cela. « Le temps des Ligures était encore celui où les bêtes parlaient, mais elles parlaient pour le compte de maîtres divins : le sanglier frayait surtout avec la Terre le cheval avec le Soleil, l’aigle avec le Ciel. » Il se peut qu’il en ait été ainsi, mais les monuments et les textes permettent-ils de l’affirmer ? J’en doute quelque peu (1).

S[alomon] R[einach]

 

(1) Je ne connais qu’un exemple du sanglier gaulois étroitement associé à une divinité : c’est le petit bronze où il paraît chevauché par Arduinna, assimilée à Diane. Cette déesse est-elle tellurique ou chthonienne ?