Ricci, Seymour de: Description raisonnée des peintures du Louvre. I.
Écoles étrangères. Italie et Espagne. In-8, xxxi-219 p.
(Paris, Imprimerie de l’art et chez Ad. Braun et Clément 1913)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 451-452
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Seymour de Ricci. Description raisonnée des peintures du Louvre. I. Écoles étrangères. Italie et Espagne. Paris, Imprimerie de l’art, 1913 (et chez Ad. Braun et Clément, éditeurs). In-8, xxxi-219 p.


 

 Je lisais récemment dans The Nation (1914, I, p. 277) : « C’est en Allemagne seulement qu’on a le droit de s’attendre à trouver des catalogues [de peintures] bien faits ». Cela n’est plus vrai, bien qu’il faille se résigner à l’entendre dire pendant quelque temps encore. Actuellement, il n’existe, à ma connaissance, que quatre catalogues de collections publiques de peintures répondant à toutes les exigences de l’érudition, et aucun de ces catalogues n’a été publié en Allemagne : ce sont ceux de Turin, de Milan, de Nantes et du Louvre.

Ce dernier, dédié à la mémoire de Villot, dont les catalogues ont été autre­fois des modèles dans leur genre, ne comprend encore que les peintures italiennes et espagnoles ; mais deux autres volumes, consacrés aux autres écoles, sont presque en état de paraître. M. Seymour de Ricci a procédé à des dépouillements extrêmement consciencieux pour établir l’historique et la bibliographie de chaque œuvre ; il a indiqué toutes les attributions vraisemblables, avec références à l’appui ; je ne crois pas qu’il ait omis rien d’essentiel à cet égard, alors que presque tout était à faire. Il a aussi décrit les tableaux avec plus de détails que ses prédécesseurs, sans escamoter les difficultés d’exégèse ; un catalogue sans escamotage est une rareté.

Le numérotage des tableaux du Louvre est défectueux, étant fondé sur l’ordre alphabétique des noms d’artistes, depuis longtemps et profondément modifié par de nouvelles attributions. M. S. de Ricci a pourtant été obligé de s’y conformer, faute de pouvoir changer les numéros inscrits sur les cadres. En vérité, le seul numéro qui ne doive jamais varier, qui devrait toujours être indiqué dans un catalogue, est le numéro d’inventaire, celui du registre d’entrée. M. S. de Ricci avait voulu publier ces numéros et il en avait noté le plus grand nombre en travaillant sur les registres du Musée. Mais le jour où l’on a su qu’il voulait publier un catalogue raisonné, le regretté Pujalet († avril 1914), alors directeur des Musées nationaux, a promulgué un décret interdisant aux personnes étrangères au Louvre de consulter les registres ; M. S. de Ricci a même été obligé, sous peine de voir interdire la vente de son catalogue raisonné au Louvre, de renoncer à publier les numéros d’inventaire qu’il avait patiem­ment recueillis. Pujalet, fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, depuis direc­teur de la Sûreté générale, ignorant tout des Musées, avait été aisément con­vaincu par d’autres personnes que les inventaires étaient « confidentiels » et que la connaissance de leurs numéros, inscrits seulement au revers des tableaux, pourrait faciliter des substitutions. Ces assertions ne soutiennent pas l’exa­men (1) ; il faut espérer qu’un ministre bien informé reviendra sur une interdiction que ne justifie aucun motif avouable et que l’excellent travail de M. S. de Ricci pourra suivre paisiblement son cours (2).

S[alomon] R[einach]

 

(1) Notez que les numéros d’inventaire ont été indiqués avec raison, sans soulever d’objection d’aucune sorte, dans l’Inventaire des dessins du Louvre, par MM. Guiffrey et Marcel (1907 et suiv.).

(2) Si l’auteur n’est pas autorisé à consulter les registres, il devra renoncer, pour les deux volumes qui restent, à indiquer avec précision la provenance des peintures, les catalogues publiés étant souvent défectueux à cet égard.