Bourguet, Émile: Les ruines de Delphes. In-8, 355 p., avec une carte, une héliogravure et 121 figures dans le texte.
(Paris, Fontemoing 1914)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 24 (4e série), 1914-2, p. 156
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Émile Bourguet. Les ruines de Delphes. Paris, Fontemoing, 1914. In-8, 355 p., avec une carte, une héliogravure et 121 figures dans le texte.


 

 « Vingt et un ans après le début des fouilles, écrit M. Bourguet, on a le droit de jeter un coup d’œil sur l’œuvre déjà faite ». Assurément, et l’on ne peut que se réjouir lorsque ce coup d ’œil est jeté, au profit de tous, par un des ouvriers les plus dévoués de l’exploration de Delphes, par un des savants qui ont le plus travaillé pour en faire connaître les résultats. Ce livre était nécessaire ; on pourrait dire, comme jadis V. Hugo, qu’il était « urgent » ; il y avait quelque humiliation à devoir se contenter du Guide Joanne tout excellent qu’il est, ou de la petite monographie allemande d’O. Fritsch (1908). Commençons donc par remercier M. Bourguet ; souhaitons-lui de très nombreux lecteurs et faisons des vœux pour qu’une nouvelle édition de ce bon livre en fasse un beau livre. Car il n’est pas beau, il faut l’avouer ; l’illustration, sauf la planche du début, en est très médiocre ; il est difficile de comprendre comment on peut offrir au public des illustrations de si piètre qualité, à une époque où les journaux quo­tidiens eux-mêmes en publient de bonnes. Cela dit pour l’éditeur.

Le livre est intitulé : Les ruines de Delphes, et non pas Delphes ; c’est essen­tiellement une périégèse savante, non une histoire ; l’histoire du sanctuaire et celle des explorations modernes n’y occupent qu’une place insignifiante. Que la périégèse soit très complète, écrite de main de connaisseur, pleine de descrip­tions où le témoin qui dépose insuffle la vie, cela doit être dit et reconnu avec gratitude ; mais je crains qu’il n’y en ait à la fois trop et trop peu. Trop, parce que bien des détails ne peuvent être compris que sur place, parce que certaines œuvres d’art, comme l’Aurige, sont présentées avec quelque prolixité ; trop peu, parce que l’auteur présume beaucoup des connaissances historiques de ses lecteurs et qu’il ne leur donne pas, par des notes qui auraient pu être sobres et qui manquent, le moyen de préciser leurs connaissances, de se reporter aux docu­ments originaux. La « note bibliographique » à la fin du volume est loin de fournir l’équivalent de ce que nous demandons ; les éléments de cette note auraient dû être distribués en bas du texte, écourtés sur certains points, très augmentés sur d’autres. Prenons, par exemple, le monument de Paul-Émile (auquel l’index, qui est incomplet, devrait renvoyer s. v. Pydna) ; il en est question p. 207-8. Où ce monument a-t-il été publié ? On n’apprend rien à ce sujet ni dans le texte, ni dans la « note bibliographique » ; pourtant, il n’eût pas été difficile d’insérer en note les quelques références indispensables, ou seulement l’une d’elles. Autre exemple : l’inscription de Polyzalos, p. 238. M. Bourguet se contente de dire qu’il ne peut même pas résumer les hypo­thèses auxquelles ces quelques mots de grec ont donné lieu. Je veux bien ; mais on pouvait renvoyer, par exemple, au mémoire de C. Robert. Ces observations sont de celles qui, une fois leur légitimité reconnue, peuvent contribuer à l’amélioration d’un livre destiné à rester longtemps en faveur ; c’est ce qui me justifie de les présenter ici, au lieu de me borner à des éloges qui n’accroî­traient ni le mérite de l’auteur, ni l’éminente utilité de son travail.

S[alomon] R[einach]