Bréhier, Louis: Nouvelles recherches sur l’histoire de la sculpture byzantine (fascicule 9 des Archives des Missions de 1913). In-8, 68 p. et 13 planches.
(Paris, Imprimerie Nationale 1913)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 24 (4e série), 1914-2, p. 163
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Louis Bréhier. Nouvelles recherches sur l’histoire de la sculpture byzantine (fascicule 9 des Archives des Missions de 1913). Paris, Imprimerie Natio­nale ; in-8, 68 p. et 13 planches.


 

 La nouvelle enquête de M. Bréhier sur les procédés et les variations de la sculpture byzantine a porté sur les rives de l’Adriatique, la Sicile, le Péloponnèse et Athènes (catalogue du musée byzan­tin installé provisoirement au Théséion, p. 12 et suiv.). La première invasion des principes de la décoration orientale dans l’art classique s’observe vers 305 à Spalato ; au VIe siècle (basilique de Parenzo), la transformation se poursuit par l’emploi exclusif des mosaïques de marbre et de la sculpture à jour. Dans l’Athènes du Xe siècle, on voit nettement la sculpture byzantine vivre de deux procédés empruntés aux arts musulmans, la sculpture-broderie et la technique champlevée. « Toute conception plastique semble abandonnée : le relief n’est plus qu’un trompe-l’œil ». Sous la dynastie macédonienne, en particulier au XIe siècle, se manifeste un retour à la tradition hellénique sous l’influence peut-­être de lettrés comme Psellos. Sans doute, les techniques de la broderie et de l’orfèvrerie ne sont pas abandonnées ; mais certaines sculptures d’Athènes montrent des tentatives de modelage, une renaissance de la plastique ; d’autres témoignent d’une influence commerçante de l’art occidental (roman). Dans l’Italie méridionale, les trois tendances — musulmane, antique et romane — se rencontrèrent et produisirent la belle école sicilienne du XIIe siècle. On remarque pourtant que la tendance antique s’y manifeste presque exclusive­ment dans la mosaïque ; ce sont des marbriers arabes qui décorent les édifices ; ce sont des sculpteurs romans qui en exécutent les ornements sculptés. La catastrophe de 1204 arrêta, dans le Péloponnèse, une véritable renaissance de la sculpture byzantine (Mistra). Les Grecs du XIVe siècle, également hostiles, aux occidentaux et aux musulmans, se replient sur eux-mêmes ; la sculpture byzantine redevient, pour le rester, une technique orientale. — Tout ce qu’écrit M. Bréhier est digne d’attention ; ce mémoire est une preuve nouvelle de son don de bien voir, de généraliser sans esprit de système et d’écrire… comme on voudrait que sussent écrire tous ceux qui se mêlent d’archéologie.

S[alomon] R[einach]