Causse, A.: Les prophètes d’Israël et les religions de l’Orient. Gr. in-8, 330 p.
(Lausanne et Paris, Payot et Nourry )
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 24 (4e série), 1914-2, p. 170
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A. Causse. Les prophètes d’Israël et les religions de l’Orient. Lausanne et Paris, Payot et Nourry. Gr. in-8, 330 p.


 

 Si le panbabylonisme a des charmes, M. Causse a su s’y soustraire et, sans fermer les yeux aux conquêtes les plus récentes de l’orientalisme, étudier les questions bibliques, non les déplacer. Faisant une enquête sur les origines du monothéisme universaliste, il s’est d’abord occupé avec détail des prophètes. « Les prophètes sont au centre de la religion d’Israël, à tel point que ce qui a précédé n’en était que l’obscure figuration et ce qui a suivi n’en était que l’adaptation ou la décadence. A la suite des Well­hausen, des Stade, des Cheyne, nous essayons d’étudier les grandes étapes de la pensée iahviste, depuis ses formes populaires encore pénétrées de paga­nisme sémitique jusqu’au grand universalisme de la prophétie deutéro-ésaïaque. Et c’est après cela seulement que nous essayerons d’étudier et d’apprécier ce que l’on a appelé le monothéisme oriental » (p. 9). L’auteur ne croit pas au monothéisme primitif des peuples sémitiques, théorie mise en avant par Renan en 1857 et reprise encore récemment par le P. Lagrange : « Nulle part, sauf dans la religion des prophètes, le culte du dieu tribal n’a été exclusif des autres cultes » (p. 259). Ce qu’on peut admettre, c’est « Une tendance vers la concentration des divinités », à « l’exaltation de certains dieux principaux ». La tendance à l’unité se précise, comme l’a vu Robertson Smith, sous l’influence du caractère despotique des royautés orientales. A cela s’ajouta le crédit crois­sant du culte solaire ; tout en restant « profondément et même grossièrement idolâtre » (Cumont), la Syrie se rapprocha de l’hénothéisme, sinon du mono­théisme, parce que « les dieux sémitiques tendaient à devenir des Panthées, identifiés avec la nature entière ». M. Causse estime qu’il n’y a rien de commun entre ce syncrétisme moniste et la religion des prophètes, qui s’est affirmée, au contraire, en opposition avec tout syncrétisme. Cette dernière observation est très fine ; il y en a beaucoup d’autres, non moins judicieuses, dans ce bon livre.

S[alomon] R[einach]