Minocchi, Salvatore: Il Panteon. In-8, iv-408 p.
(Florence, Seeber 1914)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 24 (4e série), 1914-2, p. 171-172
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Salvatore Minocchi. Il Panteon. Florence, Seeber, 1914. In-8, iv-408 p.


 

Savant ecclésiastique jusqu’en 1905, puis savant tout court, l’auteur a voulu donner à l’Italie un livre qui lui manquait, à la fois élémentaire et sévèrement scientifique, sur les origines du christianisme (1). Le plan se distingue de celui des ouvrages analogues par la place très légitimement accordée à l’évolution de la pensée juive, au prophétisme, au légalisme, aux influences grecques et orientales sur le judaïsme, à la conception messianique. Cela fait la matière de la première partie, intitulée Il Tempio. Dans la seconde, intitulée Il Cristo, M. Minocchi se place au point de vue de la critique avancée ; mais, comme MM. Loisy, Conybeare et d’autres, il n’entend point que les résultats de cette critique soient compromis par des excès qui sont, à tout prendre, une forme nouvelle de la crédulité. On peut même trouver qu’il s’occupe de MM. Kalthoff, Drews, Jensen et consorts un peu plus longuement qu’il ne serait nécessaire. P. 270, il répète, après Schweitzer et plusieurs historiens récents, que l’existence de Jésus a d’abord été mise en doute par Volney et Dupuis ; mais Vol­taire a dit, longtemps avant, qu’il avait entendu soutenir cette thèse par des disciples (il ne les nomme pas) de Bolingbroke. Je me suis déjà adressé sans succès à Notes and Queries (20 déc. 1913, p. 490) pour savoir de quels élèves de Bolingbroke il s’agissait ; quoi qu’il en soit, le texte de Voltaire prouve que cette thèse est née dans le pays de M. Robertson, non en France. Aux yeux de M. Minocchi, les grandes épîtres de Paul la condamnent absolument ; mais il fait, à cet égard, une concession qui paraît fort importante. « Je crois, dit-il, que les versets 23-32, du chap. XI de la Ire aux Corinthiens (sur la cène eucharistique) sont interpolés ; je crois aussi à l’interpolation des versets 3-11 du chap. XV (sur les apparitions de Jésus) ». Des assertions aussi graves devront être déve­loppées et justifiées ailleurs ; M. Minocchi se contente ici de les énoncer (p. 312). – Divisé en courts chapitres, d’un style clair et agréable, témoignant, tant dans le texte que dans les notes, d’une connaissance profonde et personnelle du sujet, ce livre mérite d’être vivement recommandé même aux historiens de la pensée antique que les controverses théologiques n’émeuvent point.

S[alomon] R[einach]

 

(1) Un tome second, en préparation, concernera les origines de l’Église (les Nazaréens et le catholicisme).